QUE FAIRE DE MISTER SLOANE ?

Comédie des champs Élysées

La question est bien posée : qu'en faire ?

Quelle tristesse que d'assister à un tel naufrage.

Sur le papier, le spectacle était prometteur, et je rêvais déjà d'une critique sociale cruelle et sans concession, mâtinée d'un humour décapant, dans le genre de « Doris Darling» ou de « Sunderland ».

Las ! Il n'en est rien et à mon grand regret je dois dire qu'on en est très loin, mais c'est aussi cela la défense du spectacle vivant, ne pas cautionner la médiocrité.

Dommage d'assister à une suite de mauvais clichés et de scènes extrêmement vulgaires, mal écrits et sans relief.

Dommage de voir des interprètes que nous apprécions et qui ont fait preuve de leur talent en d'autres occasions, se fourvoyer à ce point. Que font-ils donc dans cette galère ?

Charlotte De Turckheim ridiculisée et qui en fait des tonnes, Gaspard Ulliel doté d'un personnage sans consistance et qui peine visiblement, Michel Fau caricatural, Jean Claude Jay en roue libre, cela serre le cœur.

Dommage que Michel Fau se soit également chargé de la mise en scène, il lui manque un regard extérieur et l'ensemble est sans folie, sans modernité et souffre cruellement d'une vraie direction d'acteurs.

La seule réussite est le décor qui recrée à merveille cet univers sordide, avec ses murs tâchés d'humidité et dont le papier se décolle, ses fenêtres qui donnent sur une cour où des objets hétéroclites s'amoncellent, ses meubles disparates, et qui utilise avec une belle inventivité une perspective inattendue.

Dommage enfin qu'un tel désastre bénéficie du financement et la couverture médiatique que nombre d'autres spectacles de qualité ont tant de mal à trouver !

Alors que faire de Mister Sloane ?

À mon avis, l'éviter afin de ne pas se trouver dans la position des nombreux spectateurs qui ont préféré abandonné le navire en cours de route.

 

Nicole Bourbon

 

 

Que faire de Mister Sloane ?

Auteur : Joe Orton

Artistes : Charlotte De Turckheim, Gaspard Ulliel, Michel Fau, Jean Claude Jay

Metteur en scène : Michel Fau