PUNK ROCK

Au Théâtre 14 Jean-Marie Serreau
20 Avenue Marc Sangnier
75014 Paris
01 45 45 49 77
Du 08 janvier au 23 février 2013
Mardi, vendredi à 20h 30, mercredi, jeudi à 19h, samedi à 16h et 20h 30

« No futur ! » était le plus connu des slogans portés par le mouvement punk de la fin des années soixante-dix. Pourtant les personnages de la pièce de Simon Stephens ne semblent a priori pas révoltés par l'absurdité de la vie. Ce sont les bons élèves d'un lycée privé anglais de Stockport (Manchester) dont les rêves sont d'intégrer Cambridge ou Oxford d'ailleurs, l'une de leurs principales préoccupations est de se chipoter les qualités et les valeurs de l'une ou de l'autre de ces deux réputées hautes écoles britanniques. Ils viennent tous de la middle-class. Ce sont presque des stéréotypes : le matheux-tête-de-turc au physique ingrat, la meneuse délurée et cynique en couple avec Bennet-le-beau-mâle-dominant, la complexée petite boulotte amoureuse d'un de ses profs, le sportif fier de ses muscles, l'intello maladroit, timide et mythomane qui bouillonne de désirs et la nouvelle élève, adepte de l'automutilation.

L'histoire commence par l'arrivée de cette nouvelle (Lily) qui va s'intégrer à la bande de bons élèves dont les habitudes sont de se réunir dans la bibliothèque du lycée : toute la pièce va se dérouler dans ce décor, une histoire qui se présente un peu comme les minutes d'un procès dont on ne connaît ni les faits, ni le coupable. On suit ces personnages dans leurs rapports violents, leurs crises, leurs amours, leurs doutes.

Ils sont sous pression : pression de l'examen blanc qui s'annonce, pression sociale de leurs parents qui rêvent que leur rejeton parvienne, grâce aux études, à s'extraire de cette classe moyenne sans perspective, pression hormonale de l'adolescence, pression des autres élèves dans cette course à celui qui perdra le plus vite sa virginité, pression de ce monde en faillite qui les attend et de cet avenir incertain. Chacun se cherche et chacun se provoque.

Ce sont des escarmouches quotidiennes, des tromperies et des humiliations que les forts (Bennet, très bien interprété par Issame Chayle et Cissy, peste froide incarnée par Alice Sarfati) font subir aux faibles (Très convainquant Clovis Guerrin dans le rôle de Chadwick et Tanya à qui Alice de La Baume donne un joli panel de complexes et de désirs refoulés). Et l'on sent que chacun d'eux est susceptible de faire le geste de trop et que chacun se retient au dernier moment de dire cette parole de trop ou de répondre à la provocation. Et l'on voit qu'au fil des semaines l'agressivité monte dans ce petit groupe d'adolescents. La tension est de plus en plus grande et la liste des rancunes et des déceptions amicales et amoureuses s'allonge : on ne sait pas lequel d'entre eux va commettre l'irréparable.

La pièce de Simon Stephens énonce froidement et accumule presque objectivement les faits qui mèneront cette jeunesse au drame, au fait divers. Il ne juge pas, ni ne fait l'introspection des personnages. Il expose simplement l'histoire comme il a pu se l'imaginer et nous la montre en séquences réalistes.

La mise en scène de Tanya Lopert se plie fidèlement à ce jeu réaliste et à l'exposition en une série de tableaux ponctués par des petits changements de décor accompagnés de musique rock. Le décor et les costumes de Philippe Varache sont fidèles eux aussi à la réalité : uniforme des écoles anglaises, bibliothèques en bois verni, fenêtre à vitraux, un petit côté vieillot et typique calqué sur les décors et costumes de cette même pièce jouée en 2010 au Lyrics Hammersmith de Londres. Les personnages sont bien dessinés, particulièrement celui de William interprété par Roma Kané qui est dans une agitation perpétuelle, une frénésie et une urgence qui reflètent parfaitement l'état de tension qui domine cet âge-là, une tension et une implication dans le présent qui fait un peu défaut aux interprétations des autres personnages.

 

Bruno Fougniès

 

 

Punk Rock

Texte de Simon Stephens
Adaptation française : Dominique Hollier et Adelaïde Pralon
Mise en scène : Tanya LOPERT
Collaboration artistique : Stéphanie Froeliger
Lumières : Antonio DE CARVALHO
Décors et costumes : Philippe VARACHE

avec :
Aurélie AUGIER (Docteur Harvey)
Alice de LA BAUME (Tanya Gleason)
Issame CHAYLE (Bennett Francis)
Clovis GUERRIN (Chadwick Meade)
Roman KANÉ (William Carlisle)
Mathilde ORTSCHEIDT (Lily Chill)
Laurent PRACHE (Nicholas Chatman)
Alice SARFATI (Cissy Francks)

 

Version imprimable (PDF)