PROTÉE

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie de Vincennes
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
Tél : 01 43 28 36 36

Jusqu'au13 avril
Du mardi au samedi à 20h00
Dimanche à 16h00

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Mis en ligne le 18 mars 2014

Protée
Photo Antonia Bozzi

Il paraît que Claudel, passant devant une librairie qui affichait « Claudel, poète cosmique » avait cru y lire : « Claudel, poète comique ». Et il en était content. Adjoindre cette épithète à l'immortel auteur du « Soulier de Satin » ne viendrait pas à l'esprit de grand monde. Pourtant, il a commis une œuvre plutôt farcesque, un genre de parodie intitulée « Protée ». C'est une descendante du grand Paul qui aurait convaincu Philippe Adrien de monter cette pièce.

De quoi s'agit-il ? Sur l'île de Naxos, en pleine mer Egée, la nymphe Brindosier et ses amis satyres sont retenus prisonniers par le (petit) dieu Protée. Ménélas et Hélène de Troie passant par là, elle voudrait bien profiter de leur présence pour fuir l'île. Philippe Adrien confiait lui-même que, plusieurs fois, la pièce lui était tombé des mains à cause de sa première scène. Dont acte. Effectivement, c'est confus, complexe et les choses ne s'arrangent que peu par la suite. Claudel en fait trop : trop dans le tragique, ce n'est pas grave. Dans la satire ou le burlesque, cela donne des intentions qui se diluent dans le verbeux, la surenchère de digressions. Heureusement, il y a les images : très belles dès le début avec un décor magnifique et des effets d'accéléré qui nous font entrer dans la magie de la pièce. On apprécie les petites marionnettes figurant les satyres (déplorant de ne pas les retrouver ensuite) mais on souffre dans la longue scène où le malheureux Ménélas hésite entre la belle Hélène (pas vraiment poire) et son double artificiel.

Heureusement, la suite entre les deux femmes, avec son côté langue de vipère, amuse. La fin s'écoule agréablement, et la beauté demeure, de ce plan où le vieux Protée, échoué sur son canot de sauvetage, dérive dans une mer de vaguelettes lumineuses. Bravo à Philippe Adrien d'avoir entrepris ce travail. Aux comédiens, qui s'en sortent on ne peut mieux, vu la difficulté de l'affaire (une mention spéciale à Dominique Gras, princier). Idem au décorateur et aux gens des lumières.

Au final, impression mitigée, donc. Bah, les habitués du théâtre de la Tempête, les aficionados de Philippe Adrien et les Claudelophiles iront, de toute façon !

Gérard Noël

 

Protée

de Paul Claudel
mise en scène Philippe Adrien

avec 
Jean-Jacques Moreau – Protée
Dominique Gras – Satyre-Major
Eléonore Joncquez – Nymphe Brindosier
Matthieu Marie – Ménélas
Marie Micla – La Belle Hélène

décor et acessoires Eléna Ant
lumières Pascal Sautelet assisté de Maëlle Payonne
costumes Hanna Sjödin assistée d'Emilie Lechevalier
musique et son Stéphanie Gibert et Ensemble Musiverre Jean-Claude Chapuis
vidéo Olivier Roset assisté de Michaël Bennoun
maquillages Sophie Niesseron
collaboration costumes Léa Delmas
collaboration artistique Clément Poirée

direction technique Erwan Creff
régie Laurent Cupif, Sébastien Jouen, Farid Laroussi