PROBABLEMENT LES BAHAMAS

Artistic Théâtre
45 rue Richard Lenoir
75011 Paris
01.43.56.38.32

Jusqu’au 16 janvier 2018
Le lundi à 20h30 (18/12 et 8/01) ; le mardi à 20h ; le mercredi et le jeudi 19h, le vendredi à 20h30 (sauf 12/01) ; le samedi à 18h et 21h ; le dimanche à 16h (sauf 03/12)

 

Probablement les Bahamas loupe 

Anne-Marie Lazarini signe une mise en scène réussie du texte du dramaturge britannique Martin Crimp, à l’origine écrit dans les années 1980 pour la radio : c’est dire l’importance des paroles qui envahissent littéralement l’espace.

Milly et Franck, couple de retraités anglais, ont un invité à l’heure du café. Ce dernier qu’on ne verra que de dos, observe en silence le spectacle de ce couple qui ne cesse de parler sans jamais s’écouter. Ils vivent avec une jeune étudiante hollandaise, Mariska, que l’on voit évoluer dans les différentes pièces de la maison. En effet, comme s’il s’agissait d’une maison de poupée sans cloison, l’on en voit tous les espaces à la fois.

Milly et Franck évoquent des événements d’une banalité sans nom. Mais c’est surtout Milly qui assomme les autres personnages à coups de paroles – d’ailleurs on a l’impression que Franck s’assoupit de temps en temps sur le sofa… Elle aimerait bien une piscine, il faut sortir des côtelettes pour le repas, et elle veut savoir où sont les photographies de son fils Michaël pour les montrer à son invité. Et le couple se chamaille pour savoir si leur fils a passé des vacances aux Canaries ou aux Bahamas – et Franck de s’obstiner à avoir le dernier mot, même quand le sujet a été abandonné depuis un moment au profit d’un autre… On a l’impression de passer une mauvaise soirée, avec des gens à qui on ne voulait pas forcément rendre visite, et le parallélisme spectateur/invité mutique renforce ce point. Et de banalité en banalité, on glisse dangereusement dans le discours stéréotypé et même raciste. C’est un racisme ordinaire qui habite le cottage : ainsi, on se moque tranquillement de l’accent de Mariska et l’on ne va pas en vacances en Espagne, par peur d’y être agressé.

Les trois acteurs parviennent à rendre l’atmosphère de plus en plus pesante et le spectateur a vraiment l’impression d’être pris dans le tourbillon d’un discours rance. Le monologue-confession de Mariska viendra semer le trouble dans le foyer coquet, même si Milly et Franck s’évertuent à se présenter sous un jour heureux. On rit et on est agacé, preuve que cette critique sociale est bien menée.

Ivanne Galant

 

Probablement les Bahamas

Un texte de Martin Crimp
Traduction de Danielle Merahi
Mise en scène : Anne-Marie Lazarini
Assistant à la mise en scène : Cyril Givort
Décor : Dominique Bourde et François Cabanat
Costumes : Dominique Bourde
Lumières : François Cabanat

Avec : Jacques Bondoux, Heidi-Eva Clavier, Catherine Salviat Sociétaire honoraire de la Comédie-Française et l'invité (distribution en alternance)

 

Mis en ligne le 24 novembre 2017