OLIVER TWIST

Théâtre de l’Épée de Bois
Cartoucherie de Vincennes
Route du Champs de Manœuvre
75012 Paris
01 48 08 39 74

Jusqu’au 28 juin
du jeudi au samedi 20h30
matinées les samedis et dimanches à 16h00

 

Oliver Twist loupeCrédit photo © Ludo Leleu

C’est du grand spectacle que cet Oliver Twist présenté dans la salle majestueuse du Théâtre de l’Épée de bois. Une fresque à la hauteur de l’histoire épique inventée par Charles Dickens il y a presque deux siècles.

Dans ce roman feuilleton populaire, l’auteur mettait en scène les débuts de la vie difficile d’un orphelin dans le Londres de l’époque victorienne. Un univers âpre, cruel, qui décrit les bas-fonds de l’époque, la pègre, la prostitution, la faim. Une peinture sans fard, critique envers les institutions catholiques et l’injustice sociale mais aussi l’occasion de faire apparaître des personnages hauts en couleur, des héros du mal aux cœurs durs tel ce chef d’une bande de pickpockets qui est le descendant du héros de l’Opéra du gueux de John Gay (1728) et le père spirituel de Mackie de l’Opéra de Quatre Sous de Brecht. C’est dans une très longue lignée d’œuvres inspirées par les dissidents des sociétés modernes, les laissés pour comptes et les indigents que s’inscrit cette histoire.

La mise en scène d’Olivier Mellor prend à bras le corps la foule de personnages qui croisent la vie du jeune Oliver Twist dans le but de leur rendre à la fois leur authenticité historique et la dimension romanesque dont ils sont faits. Si les costumes, les scènes et les situations tentent de coller à une réalité, c’est toujours avec une grandeur théâtrale que ces personnages parlent et agissent.

D’ailleurs tout est très théâtralisé : les voix reprises et déformées par la sonorisation, des décors qui ne cessent tout au long du spectacle de bouger, s’adapter, apparaître et disparaître manipulés dans l’ombre par des servants de scène discrets, des effets de lumières très présents, des fumigènes, sans oublier une très importante partition musicale.

L’orchestre est une présence constante mais mouvante. Il apparaît régulièrement, intervient dans les scènes jouées ou accompagne des passages chantés par les interprètes.

Une autre présence renforce encore cette volonté de rendre spectaculaire cette histoire et cette volonté de s’éloigner le plus possible du réalisme : la présence de marionnettes de tailles humaines,  qui interviennent au même titre que les autres personnages mais donnent une tonalité mécanique à certaines scènes et renforcent ainsi le côté inhumain de cet univers de pègre et d’amertume.

Ils sont, en tout, vingt-et-un interprètes sur le plateau. Des distributions qui deviennent exceptionnelles actuellement. Et ces vingt-et-un interprètes entrent, sortent, déplacent des instruments, des décors, des accessoires comme un ballet réglé au millimètre. Un travail de chef d’orchestre remarquable au point où l’œil du spectateur n’est jamais une seconde en repos, l’image change sans cesse, une vie multiple anime le plateau. C’est au fond cela qui prime ici : le rythme, qu’il soit musical ou qu’il soit dans la succession des scènes et des enchaînements.

Le revers de cette surabondance visuelle et sonore et cette envie de semer des clins d’œil au public pour s’en faire un ami est que tous les personnages sont trop excessifs et caricaturaux pour qu’on se sente vraiment touchés ou émus.

Bruno Fougniès

 

Oliver Twist loupeCrédit photo © Ludo Leleu

Oliver Twist

d’après Charles Dickens
Adaptation Danièle Klein et Eric de Dadelsen
Mise en scène Olivier Mellor
Régie générale Brice Cousin, Noémie Boggio
Scénographie Noémie Boggio, Alexandrine Rollin
Costumes, maquillages Hélène Falé assistée de Martine Boggio

Avec
Comédiens :
Jean-Christophe Binet, Marie Laure Boggio, Marie-Béatrice Dardenne, François Decayeux, Dominique Herbet, Olivier Mellor, Adrien Michaux, Marie-Angèle Moreno, Rémi Pous, Stephen Szekely et en alternance Thomas Champlois et Léonard Jacquot

Musiciens :
Séverin « Toskano » Jeanniard, Cyril « Diaz » Schmidt, Romain Dubuis, Louis Noble, Boris Bénézit, Olivier Mellor

Marionnettistes :
Marie-Angèle Moreno, Jocelyne Durand, Alexandrine Rollin

 

Mis en ligne le 6 juin 2015

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