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                         Théâtre de Menilmontant 
15 rue du Retrait 
75020 - PARIS 
 Tél : 01 46 36 98 60 
Les mardis et mercredis, à 21h jusqu' au 1er mai 
                          
                          
                        Ces jeunes comédiens livrent une superbe version de l'uvre de Jean Paul Sartre à laquelle ils parviennent sans la trahir à donner une résonnance très actuelle. 
                        Car les thèmes chers au philosophe, engagement, liberté, mort, responsabilité de chacun, engagement, avec les questions existentielles « Sommes-nous responsables de nos actes, doit-on tout sacrifier pour une cause, quelle est la part d'orgueil dans ces choix » et l'éternel « qu'aurais-je fait à leur place », qui restera toujours sans réponse, sont toujours d'actualité. 
                        Cette troupe là se jette à corps perdu dans ce spectacle, avec toute la fougue de sa jeunesse, et m'a renvoyé à la mienne, lorsque nous discutions philosophie sans fin et avec passiion. 
                        Audrey Bertrand, qui interprète Clochet, rôle masculin à l'origine mais auquel elle apporte une grande force, réalise là un sans faute : belle scénographie, qui donne à voir les deux espaces, celui des miliciens côté jardin et des résistants côté cour avec un couloir au fond qui les relie, matérialisé par une tenture blanche, belle trouvaille qui permet de voir ou plutôt qui laisse deviner en ombres chinoises les scènes extérieures. 
                        Les actions se juxtaposent de chaque côté de la ligne qui matérialise la cloison de séparation. Pendant les échangent entre prisonniers on peut voir leurs tortionnaires boire, jouer aux cartes, écouter la radio. Humains. Terriblement humains. 
                        La distribution ensuite, impeccable, avec des comédiens à la haute stature pour les miliciens qui les rendent plus impressionnants encore. 
                        Le jeu de tous, chacun dans son rôle avec conviction, mention spéciale à Jérôme Aubert, superbe Sorbier en proie au doute et qui choisira de se donner la mort, et surtout Maude Bouhenic, Lucie bouleversante, obstinée, violente et pudique. 
                        Le choix des costumes enfin, noirs pour les miliciens, et pour les résistants, trois tenues différentes, qu'ils endossent à vue, de plus en plus modernes pour souligner l'intemporalité de l'action. 
                        Et on se demande où est l'humanité dans tout ça. Lorsqu'elle parait disparaitre au bénéfice d'idéaux. L'homme est-il donc condamné à être libre ? continue à nous demander Sartre à travers les décennies, répondant encore et toujours comme dans Huis Clos : « L'enfer c'est les autres. » 
                          
                        Nicole Bourbon 
                          
                          
                        Morts sans sépulture 
                        De Jean-Paul Sartre 
                        Mise en scène Audrey Bertrand  
                        Avec : 
Audrey Bertrand - Clochet 
Maude Bouhenic - Lucie 
Jérome Aubert : Sorbier  
Adrien Bourdet : Canoris  
Alexandre Bustanoby - Henri 
Maxime Deschamps - Landrieu 
Romain Henry - Milicien 
Jérémy Leite - François 
Noé Pflieger - Jean 
                        Musique : Damien Cherbit, Daniel Ventura, Thomas Valencelle 
Son : Florent Collignon 
Lumière : Charly Lhuillier, Étienne Chouchani 
Décors et Costumes : Maude Bouhenic 
                          
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