MADAME BOVARY

Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris
01.45.44.50.21

Jusqu’au 30 janvier 2016
Du mardi au samedi à 19h et le dimanche à 17h30

 

Madame Bovary loupePhoto Brigitte Enguerand

Emma à l’accordéon, Charles au violon, Rodolphe à la guitare, Léon à l’harmonica : pourquoi pas ! C’est le pari plutôt réussi par Paul Emond pour l’adaptation et Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps pour la mise en scène du chef d’œuvre de Flaubert. Les puristes chercheront vainement le texte original ; les autres se diront que les principaux nœuds de l’intrigue sont là. Le tout servi par un quatuor d’acteurs aussi enjoués que généreux.

Emma, Sandrine Molaro, réussit à convoquer une palette d’émotions. Elle est rieuse et passionnée, extravagante et gourmande, mélancolique et rêveuse. Elle passe de la joie de se marier à celle d’avoir un amant avant d’être plongée dans la désillusion, parce que non, sa vie ne ressemble définitivement pas à un beau roman qu’elle se plairait à lire au coin du feu. Et pour cause, la pesanteur sereine de Charles l’étouffe. Ce dernier est interprété par David Talbot qui joue avec un enthousiasme divertissant le benêt cocu et suffisamment naïf pour pousser Emma dans la gueule du loup. Félix Kysyl et Gilles-Vincent Kapps, quant à eux, se glissent dans la peau de plusieurs personnages. Le premier passe aisément de la belle-mère revêche au Léon romantique et timide, tandis que le second est irrésistible en Rodolphe, le séducteur lâche.

Le décor est d’une sobriété efficace : quatre chaises de bois et en fond de scène, l’immense photographie d’un champ qui nous plonge de manière allusive dans l’ambiance somme toute bucolique du roman. C’est la façon dont l’histoire est racontée qui nous maintient en haleine : les acteurs sont tantôt personnages, tantôt narrateurs, tantôt musiciens. Monologues, dialogues, apartés, chansons alternent, ce qui surprend de prime abord tant le ton peut apparaître décalé par rapport au roman.

Pourtant, cette pièce est une bien jolie façon de (re)découvrir une des grandes amoureuses de la littérature. Elle constitue un prélude agréable à la lecture de Flaubert, dans le texte cette fois-ci.

Ivanne Galant

 

Madame Bovary

De Gustave Flaubert
Adaptation : Paul Emond
Mise en scène : Sandrine Molaro et Gilles-Vincent Kapps

Avec : Sandrine Molaro, David Talbot, Gilles-Vincent Kapps, Félix Kysyl ou Paul Granier

Scénographie : Barbara de Limburg
Lumières : François Thouret
Costumes : Sabine Schlemmer
Musique originale : Gilles-Vincent Kapps
Collaboration artistique : Grétel Delattre

 

Mis en ligne le 20 novembre 2015

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