MACBETH

 Le Ranelagh
5 rue des vignes
75016 Paris.
01 42 88 64 44
Du mardi au samedi à 21 h 00, matinée dimanche à 17 h 00


Chatlotte Spill

Macbeth est certainement la pièce la plus connue mais aussi la plus tragique de Shakespeare.

Il faut du courage, de la foi et de la passion – et peut-être une dose d'inconscience – pour s'attaquer à une telle œuvre où se mêlent grandeur, complots, assassinats, ambition, folie et remords, fantastique et poésie.

Philippe Penguy nous en propose, dans ce magnifique théâtre du Ranelagh dont les sombres boiseries  conviennent parfaitement à l'univers tourmenté de l'auteur, une version à la fois  épique et classique.

La scénographie est superbe dans sa sobriété.

Une immense toile  posée au sol et agitée de mouvements tumultueux sur laquelle flotte la brume nous projette dès l'entrée en matière sur la lande fantasmagorique, domaine des sorcières. Accompagnée par deux musiciens, cette scène est parmi les plus réussies du spectacle.

Une passerelle et quelques marches grises  symbolisent ensuite le château, où la salle du banquet  se bornera à une grande table sur laquelle sont posés des gobelets.

C'est simple mais propice à entraîner l'imaginaire du spectateur.

Tout est en place, le drame peut se nouer dans une suite rapide d'actions pleines de bruit et de fureur, dans un monde de ténèbres où les démons peuvent venir hanter les humains.

Les scènes de bataille finales sont parfaitement réalisées, chorégraphiées au millimètre, soulignées du son lancinant des cornemuses.

La traduction de Jean Michel Déprats rend toute sa force mais aussi sa fantaisie et sa poésie au texte de Shakespeare.

C'est une prose qui demande des comédiens aguerris, capables de rendre audibles des tournures peu courantes, de délivrer toute la puissance des mots mais sans paraître désuet ni pompeux, de trouver la musique des intonations qui permettra d'atteindre le spectateur.

Être acteur shakespearien n'est pas chose aisée et si dans cette distribution certains s'en sortent pas trop mal d'autres peinent encore à trouver l'équilibre nécessaire. Mais on n'était qu'au soir de la première, laissons-leur encore un peu de temps.

L'ensemble est un peu trop long et gagnerait à être allégé, même si ce n'est jamais chose aisée de procéder à des coupes mais le public du XXIème siècle  a un peu de mal à se concentrer pendant plus de deux heures sur un texte d'une poésie barbare où on se perd parfois et qui gomme du coup la modernité que le sujet pourrait trouver dans cette histoire où dominent les jeux du pouvoir et de l'ambition.

 

Nicole Bourbon


Charlotte Spill

Macbeth

de William Shakespeare
 Mise en scène et direction artistique : Philippe PENGUY
Traduction : Jean-Michel DÉPRATS
Costumes : Marie-Hélène REPETTO
Décor : Sylvain CAHEN
Création musicale : Jean-Michel DELIERS et Denis ZAIDMAN
Création sonore : Jean-Michel DELIERS
Avec : Laurent LE DOYEN (Macbeth), Agnès VALENTIN (Lady Macbeth), Emmanuel OGER (Banquo et Macduff), Anne BEAUMOND (une sorcière et Lady Macduff), Teddy MELIS (Malcolm et un meurtrier), Géraldine MOREAU-GEOFFREY (une sorcière, Fléance et le fils Macduff), Lionel ROBERT (le roi Duncan et Seyton), Emilie JOURDAN (une sorcière, la dame de compagnie et le jeune Siward), et Jean-Michel DELIERS (Ross), Denis ZAIDMAN (le capitaine, un meurtrier et le médecin)

 

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