LES VAISSEAUX DU CŒUR

Au Petit Montparnasse,
31 rue de la Gaîté
75014 Paris.
Tel : 01 43 22 77 74

Jusqu'au 30 mars
Du mardi au samedi à 19h.
Dimanche à 17h.

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Mis en ligne le 23 février 2014

Les vaisseaux du cœur
Photo Ingrid Mareski

Au départ, un best-seller de Benoît Groult, qui fit, dit-on, scandale lors de sa parution en 1988. On n'était pas prêt, visiblement, à lire l'histoire d'une femme qui noue une relation sensuelle avec un marin breton et qui continue vaille que vaille cette relation durant près de trente ans. Elle a une vie par ailleurs, lui aussi, mais ils se retrouvent aux quatre coins du monde pour des séjours plus ou moins longs… mais torrides. Et je ne parle pas que de la température ambiante.

C'est Josiane Pinson (connue par ailleurs pour plusieurs one-woman shows) qui a fait l'adaptation du roman. Premier écueil, comment rendre théâtral ce récit où les scènes dialoguées ne sont pas légion ? Avoir recours au bon vieux principe de la récitante qui commente, assure les enchaînements et nous parle à nous spectateurs, les yeux dans les yeux. Ceci même dans les moments d'intimité avec son chéri, ce qui fait parfois bizarre. On voit bien, là, les limites de l'exercice : le point de vue de Gauvain (puisque c'est ainsi qu'elle le baptise) n'existe pratiquement pas. Tout est vu par les yeux de cette femme auteure et professeure, plutôt intello donc, prise au piège de la découverte du plaisir physique.

À la sortie d'un premier bal, alors qu'elle a dix-huit ans et lui guère plus, ils font l'amour. « Il y a coït. Pénétration. Le truc entre dans le machin ». Rires d'une partie du public en majorité féminin. La suite déroule les rendez-vous amoureux de ce couple improbable, les étapes de leur relation : un bain de minuit, un poème, un mariage, une naissance, des valises (simple pour lui, de marque pour elle) des récits de pêche, ce collier qu'il lui offre et, enfin, une déclaration après tant d'années.

On ne peut pas reprocher, et pour cause, à Benoîte Groult d'être sincère. Par contre, Josiane Pinson, adaptatrice et interprète, est plus maligne : elle sait ce qui fera mouche, elle enchâsse toute l'histoire dans la parole du personnage féminin, ne laissant à son partenaire (l'excellent Serge Riaboukine) qu'une portion congrue : faire rire en apparaissant un livre à la main, lui le prolo inculte. Marmonner des phrases creuses, répéter « qu'il doit y aller ». Il a toutefois, par son opacité même, des moments forts et prenants.

Faut-il, pour autant, recommander ce spectacle, et conclure que son côté simplement humain finit par émouvoir ? Bien sûr. De toute façon, les spectateurs et surtout les spectatrices s'y ruent déjà.

Gérard Noël

 

Les vaisseaux du cœur

De Benoîte Groult.
Adaptation : Josiane Pinson.
Mise en scène : Jean-Luc Tardieu.

Avec Josiane Pinson, Serge Riaboukine.

Décors : Pierre-Yves Le Prince.
Lumières : Jacques Rouveyrollis.
Costumes : Marie Credou.
Musiques : Michel Winogradoff.