LES PALMIERS SAUVAGES

Ateliers Berthier
1 rue André Suarès / 14 boulevard Berthier
75017 Paris
0 1 44 85 40 40

Jusqu’au 25 juin 2016
à 20h du mardi au samedi, 15h le dimanche

 

Les Palmiers sauvages loupePhoto Samuel Rubio

Quand Harry rencontre Charlotte… c’est l’électrochoc, un coup de foudre réciproque. Il quitte son poste d’interne à l’hôpital de la Nouvelle Orléans, elle abandonne mari et enfants. Ils partent à Chicago, puis ailleurs, l’endroit leur importe peu. Ils décident de vivre leur amour surdimensionné dans l’itinérance et le dépouillement le plus total. Un huis clos hors du temps dans un va-et-vient incessant. Ils se suffisent à eux-mêmes, ils se sont trouvés, s’agrippent l’un à l’autre, refont leur monde, se promettent mutuellement l’impossible avec sincère conviction, établissent leurs propres règles. Leur passion inconditionnelle, charnelle, dévorante, et fatalement destructrice, les entraîne dans une frénétique fuite en avant. Mais leurs ailes brûlent à petit feu dans cette spirale infernale. Jusqu’où ira l’incandescence de leur fusion ?

Séverine Chavrier adapte et met ici en scène l’une des deux nouvelles du recueil de William Faulkner paru en 1939 : "Si je t'oublie, Jérusalem". C’est moderne, c’est insolite, c’est dérangeant, l’intimité esthétiquement et crûment exposée de ce couple mis à nu dans tous les sens du terme, qui se débat et s’ébat autour et sur des cadres de lits à ressorts et des matelas sans cesse déplacés. Du noir complet au clair obscur, des flashs aux lumières tamisées, des bruits inattendus qui font sursauter aux notes mélodieuses du grand piano qui surgit de l’ombre… les effets de contraste sont surprenants d’harmonie.

L’espace scénique est parfaitement occupé, les tableaux sont beaux et soignés, avec, en toile de fond, images et projections cinématographiques en parfaite adéquation et synchronisation avec l’action en cours.

Sans jamais oublier leur lien fusionnel, les comédiens sont en perpétuel mouvement, avec une aisance corporelle naturelle remarquable, marchent, courent, s’élancent, sautent et s’enlacent. S’habillent, se déshabillent sans cesse, déplacent et replacent, défont et recréent le décor avec une énergie sans faille. Qu’ils crient ou qu’ils chuchotent, ils sonnent vrai et juste, ils nous embarquent dans leur univers si singulier. Déborah Rouach a les cheveux ébouriffés, le joli minois déterminé, et par moments une voix de petite fille paradoxalement rauque qui lui confère un charme fou. Laurent Papot n’est pas en reste, il apporte avec subtilité les petites touches d’humour indispensables à l’interprétation forte de cet homme follement amoureux qui tente désespérément de ne pas se laisser dépasser par la situation.

« Peut-on faire l’amour sans gravité ? » Eux, oui. Ils sont en apesanteur !

Luana Kim

 

Les Palmiers sauvages loupePhoto Samuel Rubio

Les Palmiers sauvages

d’après le roman de William Faulkner

Avec : Déborah Rouach, Laurent Papot, Séverine Chavrier

Mise en scène : Séverine Chavrier
Scénographie : Benjamin Hautin
Dramaturgie : Benjamin Chavrier
Son : Philippe Perrin
Lumière : David Perez
Vidéo : Jérôme Vernez
Construction du décor : Ateliers Théâtre Vidy-Lausanne

Certaines scènes de ce spectacle peuvent heurter la sensibilité des plus jeunes, il est déconseillé aux moins de 16 ans.

 

Mis en ligne le 10 juin 2016