LES FUSILS DE LA MÈRE CARRAR

Théâtre de l'Epée de Bois
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
01.48.08.39.74

Jusqu’au 20 décembre
du jeudi au samedi à 20h30 et  le dimanche à 16h

 

Les fusils de la Mère Carrar loupe 

1937 dans le sud de l’Espagne. La guerre civile divise le pays et Teresa Carrar empêche ses fils Juan et José de rejoindre les rangs des républicains. Est-elle franquiste ? N’a-t-elle donc aucune conscience politique ? Non, derrière cette apparente neutralité – métaphore de la situation internationale à l’époque du conflit – ce qui meut la mère Carrar, c’est la peur. Elle est terrifiée à l’idée de perdre ses enfants, alors elle préfère ne pas faire de vagues, surtout que la guerre a déjà emporté son mari, qui avait rejoint les républicains aux Asturies.

L’action se déroule dans la maison familiale, dans laquelle défilent le curé, Manuela l’amie de Juan, la voisine. Tous évoquent la possibilité du combat mais Teresa Carrar campe sur ses positions. Son frère Pedro est là aussi, il revient du front pour tenter de récupérer les fusils que sa sœur cache dans la maison.

On a plaisir à voir les acteurs de la troupe de l’Épée de bois, tous plus impliqués les uns que les autres, dirigés par Antonio Díaz Florián, qui joue aussi le virulent Pedro. Teresa, Graziella Lacagnina, engoncée dans des couches de vêtements lourds et obscurs s’obstine et crie. Le jeune José, interprété par Tiphaine Sivade, livre une vision passionnée du conflit, chargée de tous les idéaux d’une jeunesse révoltée. C’est cette présence dans l’interprétation qui donne à la pièce, écrit de circonstance conçu par Brecht dès après le soulèvement franquiste pour célébrer les valeurs de l’engagement, une force prenante, que la mise en scène souligne efficacement. Si le texte de Brecht évoque l’histoire de l’Espagne, il a aussi le mérite de porter un message plus universel : n’est-il pas regrettable de devoir attendre qu’un malheur arrive pour réagir et prendre les fusils, symboles ici d’une conscience politique et sociale. Un moment de théâtre fort et captivant.

Ivanne Galant

 

Les fusils de la Mère Carrar

Un texte de Bertolt Brecht
Traduction : Gilbert Badia
Mise en scène : Antonio Díaz Florián

Avec :
Antonio Díaz Florián: Pedro, L’Ouvrier
Emmanuel Georges : Pablo, Le Blessé / Francisco, Le Curé
Valérie Haltebourg : Madame Perez, La Vieille / Manuela, La Jeune fille
Graziella Lacagnina : Teresa, La Mère
Tiphaine Sivade : José, Le Jeune homme

Scénographie : David Léon
Conseiller scénographique : Jean-Marie Eichert
Réalisation du plateau : Miguel Meireles
Production : Théâtre de l’Épée de Bois.

 

Mis en ligne le 9 décembre 2015