LES FOURBERIES DE SCAPIN

Maison des Arts de Créteil (MAC)
Place Salvador Allende
94000 Créteil
Réservations : 01 45 13 19 19

Du 4 au 6 octobre 2018 à 20h

 

Les Fourberies de Scapin loupe Photo © Christophe Raynaud de Lage

Si tu ne vas pas à la Comédie-Française, la Comédie-Française ira à toi.

Du 4 au 6 octobre, après le Théâtre Gérard Philipe de Saint Denis, c’est à la Maison des Arts de Créteil que les comédiens de cette célèbre institution culturelle sont venus se produire, offrant aux Cristoliens – et à certains Parisiens, puisqu’un retour gratuit en navette est assuré jusqu’à la place de la Bastille – l’occasion de découvrir la plus populaire des comédies de Molière, Les Fourberies de Scapin.

Elle narre l’histoire de deux fils de famille, Octave et Léandre, qui apprennent que leurs pères respectifs ont projeté de les marier, alors qu’en leur absence, ils ont donné leur foi à deux jeunes filles dont ils se sont épris. Lorsqu’ils apprennent le retour de leurs géniteurs, les deux jeunes gens, paniqués, demandent de l’aide au valet de l’un d’entre eux, Scapin, connu pour être plein de ressources, qui leur promet de tout arranger.

L’action se situe à Naples, dans le port. Le décor, impressionnant, occupe tout l’espace scénique, mais on ne comprend guère l’intérêt de ce gigantesque échafaudage que les comédiens montent et descendent à chaque changement de scène.

Une fois cette réserve énoncée, force est de constater que la scénographie d’Éric Ruf contribue à l’élaboration d’une mise en scène qui sert à merveille l’essence éminemment burlesque de la pièce, plus proche de la Commedia Dell’Arte que de la grande comédie.

Denis Podalydès, le metteur en scène, a privilégié le registre de l’outrance, choisissant de pousser la farce à son paroxysme en exacerbant, par exemple, le jeu de scène entre Scapin et Géronte dans la scène 7 de l’acte II, où le valet fourbe tente de soutirer au vieillard l’argent dont son fils Léandre a besoin pour racheter sa belle, Zerbinette, aux Égyptiens qui la détiennent. S’ensuit alors une sorte de ballet entre le valet et son maître où la bourse, que ce dernier n’arrive pas à lâcher, virevolte de droite et de gauche, fait mine d’atterrir dans la main de Scapin pour retourner dans la poche de Géronte, qui finira par s’en dessaisir après s’en être servi pour cribler rageusement de coups le malin valet.

Plus loin, dans la fameuse scène du sac, Denis Podalydès force encore plus le trait.

Après avoir convaincu Géronte de se cacher dans un sac pour échapper aux spadassins qui en veulent à sa vie, Scapin, déguisant sa voix pour faire croire qu’il est aux prises avec ceux qui recherchent le vieillard, le bastonne avec jubilation, encore et encore.

On croirait presque voir Guignol et son long bâton, sauf que lorsque Géronte sort à plusieurs reprises du sac tout ensanglanté, on trouve que la scène, qui frise la cruauté, est nettement moins drôle.

Heureusement, la verve de Benjamin Lavernhe, qui joue Scapin, permet au spectateur sensible de ne pas trop s’apitoyer sur le sort du pauvre homme.

Il faut dire que ce comédien, révélé au grand public dans le film Le Sens de la fête, est tout bonnement époustouflant, particulièrement dans cette scène où il gesticule, virevolte, se démène comme un beau diable, contrefait sa voix, mime des assaillants imaginaires avec un brio qui déclenche l’enthousiasme de l’assistance.

Même si la distribution peut sembler inégale (cette pièce ne fait pas la part belle aux rôles féminins), tous les comédiens concourent à faire de cette comédie ce que Molière avait souhaité qu’elle fût, une pièce populaire.

Ainsi n’hésitent-ils pas à interagir avec le public, comme lorsque, dans la scène du sac, Scapin fait monter un petit garçon sur le plateau et l’invite à taper sur le sac, ou comme quand, dans la scène suivante, Zerbinette sollicite l’assistance pour l’aider à retrouver le nom de Géronte.

Les spectateurs, parmi lesquels de nombreux jeunes, sans doute des scolaires, sont ravis.

Ils rient et applaudissent à tout rompre à la fin du spectacle.

Et la salle était comble ce soir-là.

Denis Podalydès a mis avec bonheur ses pas dans ceux de Molière en perpétuant la tradition d’un théâtre populaire ouvert au public le plus large qui soit.

Élishéva Zonabend

 

Les Fourberies de Scapin

De Molière

Mise en scène : Denis Podalydès 
Scénographie : Éric Ruf 
Costumes : Christian Lacroix 
Lumières : Stéphanie Daniel
Son : Bernard Valléry
Maquillages : Véronique Soulier-Nguyen 
Collaboration artistique : Leslie Menu 
Assistanat à la mise en scène : Alison Hornus
Assistanat à la scénographie : Dominique Schmitt

Avec
Bakary Sangaré : Silvestre
Gilles David : Argante
Benjamin Lavernhe : Scapin
Didier Sandre : Géronte
Pauline Clément : Hyacinte
Jean Chevalier : Léandre
Élise Lhomeau : Zerbinette
Birane Ba : Octave
Et
Maïka Louakairim : Carle
Aude Rouanet : Nérine

Avec la participation du Théâtre de Sénart
Equipe technique : 
Romuald Simonneau : directeur technique
Bernard Espinasse : régisseur lumière
Samuel Bodin : régisseur plateau
Cyril Communal : régisseur son
Camille Lacombe : habilleuse
Fabrice Pinet : maquilleur – coiffeur
Marie Duliscouët : administratrice de tournée

Une production de la Comédie Française

Le spectacle a été créé à la salle Richelieu le 20 septembre 2017

 

Mis en ligne le 7 octobre 2018