LES DERNIERS JOURS DE STEFAN ZWEIG

Théâtre Antoine
14 boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tél : 01.42.08.77.71
Jusqu'au 22 décembre
Du mardi au samedi à 21h00

 

Le 22 février 1942, exilé à Pétropolis, non loin de Rio, Stefan Zweig met fin à ses jours avec sa femme, Lotte.

Sait-on jamais ce qui amène quelqu'un au suicide et encore moins lorsqu'il s'agit d'un double suicide. C'est ce que Laurent Seksik a essayé de comprendre, imaginant ce qu'avaient pu être ces derniers jours.

Patrick Timsit et Elsa Zylberstein incarnent avec une grande justesse et une intense sensibilité l'auteur qui voit avec amertume et désespoir son univers se décomposer et sa jeune épouse, fragile, malade, jalouse de sa première femme.

On comprend ainsi toute la douleur d'un homme qui ne supporte plus sa propre lâcheté, fatigué de fuir un monde trop laid, impuissant devant la négation des valeurs humanistes qu'il défendait. Et une jeune femme qui sombre à ses côtés, acceptant de le suivre dans la mort, seule façon semble-t-il pour elle d'être enfin son épouse pour l'éternité, donnant ainsi un sens à son existence.

Jacky Nercessian fait une composition bouleversante d'Ernest Feder, l'ami. Scène magnifique que celle où il raconte à Zweig les arrestations des Juifs dans toutes les villes d'Allemagne, terminant par Berlin, ville où réside sa fille. La voix se brise alors révélant toute la douleur d'un homme par ailleurs assez froid et cynique.

Les seconds rôles, Bernadette Rollin et Gyselle Soarès apportent les respirations nécessaires à ce huis clos douloureux, suscitant quelques rires salvateurs.

La mise en scène de Gérard Gelas donne une grande fluidité à l'ensemble, avec un découpage en plans séquences très cinématographiques.

Jean Michel Adam a créé un superbe décor qui laisse apercevoir derrière un mur de fenêtres un paysage de montagnes, symbole de la douceur de vivre de ce pays d'accueil qui ne fait que plus ressortir le mal être des protagonistes.

Paradoxalement, l'œuvre nous donne une grande leçon de vie : « Jamais on n'aime plus la vie qu'à l'ombre du renoncement » écrivait d'ailleurs Zweig dans un de ses derniers poèmes.

 

Nicole Bourbon

 

 

Les derniers Jours de Stefan Zweig

de Laurent Seksik
Mise en scène : Gérard Gelas

Avec :
Stefan Zweig : Patrick Timsit
Lotte : Elsa Zylberstein
Ernest Feder : Jacky Nercessian
Madame Ban Fiels : Bernadette Rollin
Rosaria : Gyselle Soares

Décors : Jean-Michel Adam
Costumes : Pascale Bordet
Lumières : Gérard Gelas
Assistant à la mise en scène : Arny Berry

 

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