L'ÉCOLE DES FEMMES

Théâtre d'Ivry Antoine Vitez
1 rue Simon Dereure
94200 Ivry
01 43 90 11 11

Les 14, 16, 18, 22, 24, 28, 30 janvier et 1er février à 20 h sauf les jeudis à 19h
Les dimanches 19, 26 janvier et 2 février à 18h

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Mis en ligne le 14 janvier 2014

L'ÉCOLE DES FEMMES

Même système employé ici par Catherine Anne que dans la pièce qu’elle crée en diptyque « Agnès », jouée en alternance au Théâtre d’Ivry : uniquement des comédiennes pour interpréter tous les rôles et un décor unique représentant ici la maison où Arnolphe enferme Agnès depuis des années pour en faire son épouse conservée dans toute la pureté et la naïveté de l’enfance.

La trame démontrera que ses attentes seront déjouées. Car la pièce de Molière est une comédie, avec, comme il en a l’habitude, un personnage principal tellement excessif qu’il en devient grotesque.

Dans la mise en scène de Catherine pourtant, à travers la farce et sous le masque de ridicule d’Arnolphe obsédé par le cocuage, apparaît (grâce à l’interprétation extraordinaire de Marie-Armelle Deguy) le visage inquiétant de la folie despotique.

Oui, le personnage de Molière, raillé par tous de vouloir se prémunir de toute trahison féminine, poussant cette volonté jusqu’à, tel un Frankenstein, créer la femme qui jamais ne le tromperait, la couvant dans l’enfermement et l’inculture depuis l’âge de quatre ans pour qu’elle dépende totalement de lui, cet excentrique faiseur d’expériences qui finira trompé et moqué par toute la ville devient un vrai danger. Un fou concupiscent capable de tuer pour préserver son « bien ». Une sorte de malade avide de posséder âme et corps Agnès, surtout le corps, comme on possède un meuble ou un esclave.

Pourtant la comédie ne perd rien de sa fantaisie. Au contraire. La farce prend des allures corrosives, une critique de la folie masculine qui donne aux rires un délicieux goût d’amertume et d’intelligence.

Toutes les interprètes réalisent là un travail réjouissant. En costumes d’époque, celles qui tiennent des rôles masculins se régalent à contraindre leurs corps aux attitudes masculines : démarches, gestes, postures, tout y est. Elles en donnent des interprétations un peu caricaturales qui renforcent l’aspect comique des personnages car elles ne cherchent pas le réalisme mais l’évocation. Parmi elles, Caroline Espargilière incarne un Horace (l’amoureux d’Agnès) plein d’une belle vitalité adolescente, Evelyne Istria en valet idiot est d’une stupéfiante justesse, Marie Armelle Deguy comme un histrion presque grandguignolesque…

On peut voir cette pièce les dimanches à la suite de « Agnès ». Une expérience intéressante qui aiguise encore plus le sens de la pièce.

Bruno Fougniès

 

 

L'école des femmes

Texte et mise en scène Catherine Anne,

Avec
Morgane Arbez, Léna Bréban, Marie-Armelle Deguy, Océane Desroses, Caroline Espargilière, Évelyne Istria, Lucile Paysant, Stéphanie Rongeot, Mathilde Souchaud

Scénographie Sigolène de Chassy
Lumières Nathalie Perrier
Assistante lumières Mathilde Chamoux
Son Madame Miniature
Assistant son Thomas Laigle
Costumes Floriane Gaudin
Perruques Laurence Berodot – Mélanie Gerbeaux

Assistant à la mise en scène Damien Robert
Régie générale Arnaud Prauly