LE MENTEUR

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie 
Route du Champ-de-Manœuvre
75012 Paris
Tel : 01 43 28 36 36

Jusqu’au 18 février 2018
du mardi au samedi 20h00,
dimanche 16h00.

 

Le Menteur loupe 

« On ne se lasse pas du Menteur ; la noble simplicité de cette pièce ne vieillit pas… Rien n’attache plus que le plaisir de voir mentir Dorante » écrivait déjà Stendhal. Et la mise en scène de Julia Vidit donne un sacré tonus à cette œuvre, faisant partie des comédies du grand Corneille.  Voici donc Dorante, un jeune Poitevin nouvellement arrivé à Paris : il comprend rapidement que, pour faire son trou, il doit enjoliver la réalité. Ce qu’il fait avec maestria. Pour corser la chose, Corneille imagine que, quand il rencontre deux sœurs, celles-ci échangent leurs prénoms. C’est un peu du Marivaux avec un siècle d’avance. De là, s’ensuit une succession de quiproquos, tous plus réjouissants les uns que les autres. L’adaptation de Guillaume Cayet et Julia Vidit a visé à resserrer parfois l’action. Elle a supprimé une suivante, ce qui n’est pas gênant, et tiré le personnage du père de Dorante, Géronte… vers une sorte de don Diègue comique (il faut dire que le Cid n’était pas si éloigné). Brio de la mise en scène, donc, dans un décor habile fait de miroirs, mais qui se renouvelle et tourne sur lui-même. Parfois des miroirs, donc, parfois du verre transparent, pour bien signifier que les personnages sont face à des images d’eux-mêmes ou bien doivent cesser de jouer, pour se confronter, enfin, à la vérité.

Il ressort de tout cela, une impression de fluidité et de malice, bien servie par le jeu des comédiens : Barthélémy Meridjen est un Dorante flambard, toujours en situation risquée, mais qui rebondit de mensonge en mensonge (c’est souvent énorme et très drôle) jusqu’à la fin, où il est pris à son propre piège. Beau travail également des deux demoiselles, Aurore Déon et Karine Pédurant, jouant à duper à la fois Dorante et le spectateur. Alcippe, l’amoureux déçu est campé par un Adil Laboudi efficace. Il faudrait citer aussi l’étrangeté de Nathalie Kousnetzoff qui sublime le rôle à priori effacé de la confidente et surtout l’ambiguïté de Lisa Pajon à qui est dévolu le personnage masculin de Cliton.

Le petit père Corneille n’a jamais été aussi jeune : il s’amuse et nous aussi, tout au long de cette soirée très réussie.

Gérard Noël

 

Le Menteur

Auteur : Pierre Corneille
Adaptation : Guillaume Cayet et Julia Vidit
Mise en scène : Julia Vidit
Scénographie : Thibaud Fack
Lumière : Nathalie Perrier
Son : Bernard Valléry et Martin Poncet
Costumes : Valérie Ranchoux
Maquillage, perruques : Catherine Saint-Sever
Régie générale : Loïc Depierreux

Avec : Joris Avodo, Aurore Déon, Nathalie Kousnetzoff, Adil, Laboudi, Barthélémy Meridjen, Lisa Pajon, Karine Pédurand, Jacques Pieiller

 

Mis en ligne le 22 janvier 2018