LE MÉDECIN MALGRÉ LUI

Théâtre de Ménilmontant
15 rue du Retrait
75020 Paris
Tél : 01 46 36 98 60

Jusqu’au 1er décembre, tous les lundis à 20h00

Le medecin malgré lui

 

L’histoire de cette farce de Molière est très simple : pour se venger de Sganarelle, son mari fainéant, coureur, hâbleur et ivrogne, Martine le fait passer pour un médecin auprès d’un bourgeois dont la fille vient de devenir muette. Sganarelle, sous peine de se voir roué de coup de bâtons, se voit contraint d’endosser l’habit de médecin et de soigner la jeune fille. Mais celle-ci n’est pas vraiment malade, elle feint de l’être pour éviter un mariage forcé qui l’éloignerait de celui qu’elle aime, Léandre.

Voici donc un pauvre bougre, forcé de se prétendre médecin pour soigner une fausse maladie sous le regard autoritaire et inquiet du bourgeois.

Molière s’est certainement inspiré d’un canevas des comédiens italiens qui avaient leur théâtre à Paris pour trousser cette histoire. Et c’est avec tout le savoir faire des comédiens de la Compagnie Kapo Komica que Mikael Fasulo met en scène cette pièce en usant des techniques de la Commedia dell’arte.

Les masques ont été remplacés par des maquillages expressifs et des accessoires de grimage. Pour le reste, tout l’art ce théâtre italien transpire, aussi bien dans la création des personnages, avec un travail physique de posture, d’attitude, d’expression et un travail sur les voix, la profération, le grommelage, que dans l’explosion des scènes de bagarre et de bastonnade.

Tout le travail d’acteur fourmille d’idées et de talent chez les membres de cette compagnie dont certains ont été formés à la Commedia dell’arte par Carlo Boso ou au clown, ainsi que dans des cursus de théâtre plus classiques. On sent chez chacun une grande maîtrise des codes de ce style et une énergie, un appétit de jouer qui emporte le morceau dans toutes les scènes.

D’ailleurs le spectacle débute dans l’impatience d’en découdre. Sur scène Martine (Isabelle Loisy qui crée aussi le rôle de Jacqueline avec beaucoup d’éclat) et Sganarelle (Interprété par Yannick Laubin, truculent, lâche à souhait, virevoltant). Chacun sur une chaise, l’une cousant, l’autre somnolant entre deux goulées de vin, tous deux grommelant des gentillesses et des malédictions à l’encontre de sa moitié, mots d’amours teintés d’insultes, jusqu’à ce que la pièce commence vraiment.

C’est drôle, bien vu, bien joué.

Pour la scénographie, elle veut nous rappeler le théâtre de tréteaux : trois planchers mobiles fermés par un haut cadre où glissent des toiles fermant l’espace, de larges éventails symbolisant les bois, quelques accessoires. La manipulation de ce décor se fait à vue, par les comédiens du plateau pour évoquer les changements de lieux. C’est peut-être le point faible de ce spectacle, pas pour l’esthétique visuelle qui est très parlante mais pour le temps perdu à installer ces toiles, déplacer ces planchers et installer ces accessoires. Le rythme de la pièce se brise régulièrement sur ces écueils qui ne sont pas d’une importance vitale pour la compréhension de l’histoire. De même que l’ajout d’un personnage habillé en médecin qui vient régulièrement donner du brigadier : un effet comique à répétition relativement superflu.

Le génie de la farce de Molière est malgré tout donné : surtout l’œil persifleur et ironique qu’il jette sur la naïveté, la crédulité des humains, mais aussi sur l’arbitraire, la cruauté et l’injustice faite aux femmes et aux faibles dans une société patriarcale mais sans rien de partisan ni de dogmatique ni de donneur de leçon : juste la force du rire.

Bruno Fougniès

 

Le médecin malgré lui

de Molière
Mise en scène : Mikael Fasulo
Assistantes Anne Keriec et Jessica Monceau
Décors : Stefano Perocco
Costumes :Solweig Babey
Lumières : Remi Cabaret
Musique : Julien Arnaud
Maquillages : Claire Bernard

Avec : Jean-Mathieu Erny, Laurent Jacques, Yannick Laubin, Xavier Legat, Isabelle Loisy, Jérôme Paquatte

 

Mis en ligne le 12 novembre 2014

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