LE CHAT

Théâtre de l’Atelier
1 place Charles Dullin 
75018 Paris
01 46 06 49 24

Jusqu’au 31 décembre 2016
du mardi au samedi à 21h00
dimanche à 15h00

 

Le Chat loupe Photo © CineWatt

Le nœud de l’histoire est la mort du chat. Son animal à lui. Et c’est elle qui l’a tué. Il en est sûr. Pour lui pourrir la vie. Alors il se venge en tuant le perroquet qu’elle adore. Et l’enfer s’installe.

C’est un vieux couple dans les années 60, dans une banlieue pavillonnaire qu’on démolit pour ériger les barres d’immeubles de nos banlieues actuelles. Dans cet univers qui s’écroule, ils sont deux naufragés qui se sont accrochés l’un à l’autre pour ne pas se noyer dans la solitude : lui, Émile, ouvrier retraité, bourru, rustique, populaire. Elle, Marguerite, fille d’industriel ruinée, amoureuse de la grande musique et inconsolable nostalgique d’un passé mort, bourgeois. Couple désassorti à souhait et lutte des classes incarnée comme en laboratoire.

Le livre de Simenon dont est tirée la pièce tisse la lente désagrégation à la fois du monde environnant et du couple. Un couple incarné à l’écran en 1971 par Gabin et Signoret dans l’adaptation de Pierre-Granier-Deferre.

Didier Long, avec cette nouvelle adaptation de Christian Lyon et Blandine Stintzy, revient à l’histoire originelle du livre. Ce sont trois époques qui s’alternent en continu dans le même décor : la cuisine et le salon de la maison avec, en fond de paysage, une vue du quartier qui se transforme au fil du temps en immense chantier de démolition.

La pièce est ainsi construite en courtes scènes qui bondissent d’une époque à une autre. Un système scénographique et lumineux rend compte de ces changements. Un système sans doute un peu trop répétitif – même si la mise en scène en fait un clin d’œil – et un peu trop élaboré pour ne pas nuire au rythme général du spectacle et au fil narratif.

Myriam Boyer et Jean Benguigui endossent avec toute l’expérience qu’on leur connaît ces deux personnages à la fois pathétiques et monstrueux. Ils sont parvenus à se détacher presque parfaitement des modèles inoubliables de Signoret et de Gabin à l’écran, mais il leur faudra encore quelques représentations pour que le jeu pervers, désespéré et fascinant de leurs deux personnages s’harmonise totalement et que ce beau duel devienne le combat palpitant et émouvant qu’il promet.

Bruno Fougniès

 

Le Chat

D’après Georges Simenon
Adaptation théâtrale de Christian Lyon et Blandine Stintzy
Mise en scène de Didier Long 
Assisté de Julie Marboeuf
Décor de Jean Michel Adam
Costumes de Camille Duflos
Lumières de Philippe Sazerat
Musique de François Peyrony

Avec 
Myriam Boyer et Jean Benguigui

 

Mis en ligne le 11 septembre 2016