LA ROSE TATOUÉE

Théâtre de l'Atelier
1 Place Charles Dullin
75018 Paris
Locations: 01.46.06.49.24
Du mardi au samedi à 21h. Samedi 16h

 

« La rose tatouée », créée en 1951 à Broadway, puis portée à l'écran en 1955, avec Burt Lancaster et Anna Magnani, est une pièce assez méconnue de Tennessee Williams, célèbre alors pour « La ménagerie de verre » et « Un tramway nommé désir », où il s'érige comme à son habitude contre les tabous et le puritanisme américain, mais qui exceptionnellement se termine sur une note d'optimisme et dont il disait qu'elle était « son chant d'amour pour le monde ». Elle est ici adaptée en français avec habileté par Daniel Loayza, qui toutefois n'hésite pas à émailler son dialogue de mots italiens dans un souci de mieux traduire le contexte.

Dans un village d'émigrés italiens, près de la Nouvelle Orléans, Seraphina Delle Rose, séduisante veuve cyclothymique, vit retirée du monde dans le souvenir idolâtre de son mari, beau routier contrebandier, tatoué d'une rose sur le cœur, abattu par la police au volant de son camion. Elle entend contraindre sa fille de quinze ans Rosa, à faire de même, alors qu'elle vient de tomber amoureuse d'un jeune marin. C'est alors que fait irruption, Alvaro, camionneur un peu gauche, dont le corps lui rappelle son époux encore adoré, mais dont le souvenir commence à être terni par une sérieuse présomption de liaison avec une autre femme.

Après sa brillante mise en scène de « Baby Doll » du même auteur, Benoît Lavigne tente ici de réitérer sa performance, mais hélas, avec moins de brio. On peut déplorer qu'il ait privilégié l'agitation sur l'intériorité et guidé les comédiens de seconds rôles sur un mode caricatural, transformant ainsi cette pièce où se mêlent douleur et drôlerie, en une sorte de farce.

De même, Laurence Bruley a choisi pour son décor de partager la scène en deux parties, l'une montrant la place du village, l'autre la maison de Seraphina, rétrécissant ainsi le champ de l'action principale.

Cependant, s'il n'y avait qu'une seule raison de voir cette pièce, ce serait pour l'interprétation exceptionnelle de Cristiana Réali, qu'on ne présente plus, capable d'alterner au théâtre comme au cinéma, les rôles tragiques ou comiques, plusieurs fois nominée au Molière. De par sa beauté sensuelle et la richesse de son registre, elle donne réellement vie, d'un bout à l'autre de la pièce, à la bouleversante et volcanique Seraphina.

Rasha Bukvic, plus connu au cinéma, prête son talent, son physique avantageux et son charme à Alvaro, pour se livrer à une sorte de ballet de l'ours et de la poupée, avec la veuve incandescente.

Onze autres artistes viennent compléter ce duo, parmi lesquels il est à saluer la prestation sensible et singulière de Monique Chaumette dans le rôle de la guérisseuse-confidente, et le sens juste des émotions fragiles du jeune couple incarné par Léopoldine Serre et Martin Loizillon.

Les arcanes du destin étant souvent impénétrables, ce spectacle est une ode à l'amour plus fort que la mort, à la passion renaissant de ses cendres à travers une rencontre improbable, délivrant ainsi un message d'espoir qui ne peut que séduire le public.

 

Tanya Drouginska

 

 

La rose tatouée

de Tennessee Williams
Mise en scène Benoît Lavigne

Avec Cristiana Réali, Rasha Bukvic, Léopoldine Serre, Monique Chaumette, Grétel Delattre, Estelle Doré, Bérangère Gallot, Jean-Yves Gautier, Martin Loizillon, Sandrine Molaro, Sophie Nicollas, Nicolas Pujolle, Herrade von Meier

Texte français : daniel Loayza.
Décor: Laurence Bruley
Costumes : Tim Northam.
Lumières : Stéphanie Daniel
Musique : La manufacture sonore

 

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