LA PETITE

Théâtre de la Colline (petit théâtre)
15 rue Malte Brun
75020 PARIS
01 44 62 52 52

Jusqu'au 27 octobre 2012
Du mercredi au samedi à 21h, le mardi à 19h et le dimanche à 16h

Décidément, la mise en abyme court les rues, ou plutôt les théâtres. En effet, de même que dans les « six personnages, … » du cher Pirandello, voici que dans le même lieu, se monte « La petite », texte et mise en scène de Anne Nozière.

Il y est question d'acteurs, de répétitions, de personnages, de mise en scène. Mais surtout de la Petite, une comédienne enceinte dont le fœtus, soudain, arrête de grandir. Tout en restant vivant. Pourquoi, comment ? L'auteur se livre alors à une sorte d'enquête psychanalytique autour de ce phénomène. Il s'avère que la mère de « la petite » est morte en couche, après lui avoir donné naissance. Et que sa mère était aussi comédienne. Qu'elle ignore l'identité du père de son enfant (enfui !) comme son propre père qui avait pris très tôt la tangente. S'il fallait trouver des ressemblances, on pourrait dire que le style est « durassien », alors que l'écriture de la pièce, la pièce que jouent les comédiens, louche plutôt vers Maeterlinck, ce qui n'est pas le pire en matière d'inspiration. Les quatre comédiennes, celle qu'on surnomme « la petite » et qui donne son titre à la pièce, ses deux collègues et l'interprète du rôle de la mère, sont très justes. Avec un côté parfois décalé. Les deux comédiens se tirent avec élégance de leurs rôles, père, metteur en scène, ou encore comédien. On pourrait épiloguer sur la voix off qui nous dit un texte explicatif et qui, même excellemment endossée par Catherine Hiégel,… reste une voix off. Lue sur scène, l'histoire aurait été encore plus prenante.

De cela, on retirera que l'auteur (et metteur en scène) a de l'énergie et de la constance : elle creuse son sillon patiemment, avec des trouvailles de mise en scène : les saluts répétés, l'apparition et la disparition de poupées figurant des enfants, qui passent dans les bras de chacun, comme un engagement à assumer. À certains effets de texte, comme ce « théâtre enceint », on préfèrera la seconde partie où on assiste à un enterrement avec bougies, à l'entrée (surréaliste) d'une femme nue, ou bien à un morceau chorégraphié où s'éclatent les comédiens et comédiennes. Tout aurait peut-être du être conçu comme ça : moins bavard, moins glissé côté déplacements, plus baroque ?

En tout état de cause, il y a ici une jeune auteur, à encourager, donc. Elle a le front d'aborder un thème grave, dont elle explore les méandres et les entours. Elle l'enrichit d'une réflexion sur le milieu du théâtre, se permettant même un faux débat avec le public.

Six comédiens et comédiennes servent ce projet. Avec inspiration. On aurait mauvaise grâce à ne pas encourager le public de « La Colline » et les autres, à s'y rendre.

 

Gérard NOEL

 

 

La petite

Texte et mise en scène de Anne Nozière.

Avec Virginie Colemyn, Sarajeanne Drillaud, Fabrice gaillard, Martial Jacques, Claire-Monique Sherer, Delphine Simon et la voix de Catherine Hiégel.

Collaboration artistique ; Denis Loubaton.
Assistante mise en scène : Sarajeanne Drillaud.
Son : Loïc Lachaise.
Lumière et scénographie : Anne Vaglio
Costumes et scénographie : Cécile Léna.
Musique : Sébastien Libolt.
Mannequins : Pascale Blaison

 

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