LA PATIENTE

Théâtre du Marais
37 rue Volta
75003 Paris
01 45 44 88 42
Jusqu'au 26 mai
19 h les samedis et 15 h les dimanches

Rien ne va plus pour Catherine (Barbara Lambert), trentenaire sémillante au tempérament très fort mais dont la vie sans relief l'ennuie. Son désabusement la conduit dans le cabinet de Jacques (Michaël Cohen) : psychanalyste zélé, d'un séreux très professionnel, il comprend vite que c'est à la fois sa vie amoureuse et sa vie professionnelle qui ne sont pas à la hauteur des ambitions de la jeune femme. Elle, agacée par la lucidité qu'il lui renvoie mais également séduite par l'intérêt qu'il lui porte, cherche à découvrir quel est l'homme qui se dissimule derrière le médecin. Même si les deux personnages ont déclaré que « rien ne se passera entre nous », un certain désir ne tarde pas à naître, dont toute l'ambiguïté est représentée physiquement sur scène par l'espace qui sépare le divan du bureau et qui constitue l'unique décor.

La Patiente renouvelle ainsi le vieux thème de l'amour interdit - et donc a priori impossible - d'une façon originale et actuelle. Sans doute la pièce n'est-elle pas tout à fait « psychanalytiquement correcte », mais c'est une comédie, légère et très divertissante : puis, après tout, l'amour et l'humour ne priment-ils pas la déontologie, même médicale ? Les scènes s'enchaînent comme autant de séances de psychanalyse au cours desquelles le temps qui passe et les changements d'humeur s'observent à travers les changements de tenue de l'analysante… mais également celui de l'analyste (ah ! le discours sur les hommes qui portent une chemise blanche !). Rythmés par des lapsus savoureux qui permettent de voir les personnages à nu, les dialogues sont enlevés et fusent avec une répartie charmante dans cette pièce, qui n'a pas d'autre prétention que d'être plaisante. Et de plaisir, les deux comédiens en prennent visiblement beaucoup à jouer. Leur complicité se ressent immédiatement de sorte que, très vite, le public est facilement conquis tant il s'amuse d'observer le contraste entre des  personnages au caractère si opposé qui tour à tour se cherchent, se découvrent et s'affrontent. Jusqu'au bout, chacun se demande si Catherine sera finalement « apprivoisée » par Jacques comme Catharina l'a été par Petruchio dans la Mégère apprivoisée, à laquelle cette Patiente fait explicitement référence.

 

Frédéric Manzini

 

 

La Patiente

de Anca Visdei
Mise en scène Pauline Macia

Avec Barbara Lambert (Catherine) et Michaël Cohen (Jacques)

Durée : 1h 20.

 

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