LA MORT DE DANTON

Théatre de la Bastille
76 rue de la Roquette
75011 Paris.
Tél: 01 43 57 42 14

Jusqu’au 4 mars 2017 à 20h00
relâche les 19,23 et 26 février.

 

La Mort de Danton loupe 

Cette pièce, une des plus connues et représentées de Georg Büchner, nous entraîne dans les soubresauts de la Révolution. La Terreur fait rouler des têtes… en abondance. Au fil de réunions, discussions, discours, des choses vont se régler entre les principaux révolutionnaires. Le choix d’une immense table qui partage la scène en deux et où les spectateurs sont dans un rapport bi-frontal est un piège : autant elle fonctionne bien au premier degré, les spectateurs d’en face étant un décor « vivant » et crédible, d’assemblée, autant elle limite : quand on a couru autour, qu’on est passé dessous ou dessus, ou qu’on s’est juché sur elle, quoi d’autre ?

De même, cette distribution qui se réduit à cinq comédiens et comédiennes, chargés s’assurer tous les rôles (et ils sont nombreux) ne permet pas d’apprécier toutes les figures que présente Büchner. Les débats, dès lors, sont parfois flous et seuls de grands moments, impliquant Danton ou Robespierre ou encore Saint-Just, voire l’opportuniste Barère,  trouvent un écho en nous.

Cela dit, François Orsoni  a la mérite de l’engagement : il croit en cette « autopsie du réel », comme il dit, et brûle de nous la faire partager. Sa mise en scène, au-delà des quelques réserves déjà exprimées est rigoureuse et se permet quelques chansons et de la musique (pourquoi pas ?) et des images arrêtées, plutôt bien venues. Le jeu avec les perruques, qui nous fait passer peu à peu dans « l’Histoire » est intéressant. Nous n’en dirons pas autant des lunettes de soleil qu’arbore Danton.  Cela dit la force du texte demeure intacte : on voit bien s’affronter des convictions et surtout des hommes, dont les idées procèdent, et comment, de ce qu’ils sont : rigueur et intransigeance pour Robespierre, critiqué par Danton, philosophant, lui, sur la vertu et le vice. Ce dernier ne cache pourtant pas son pessimisme : « La vie est une pourriture savamment organisée, la mort une pourriture fruste. » La pièce est ainsi parsemée de « citations » car même si Büchner a écrit vite, il a écrit « documenté ». On peut donc se laisser prendre à cette dramaturgie guidée par le «verbe », et sous-tendue par les faits : oui, le procès de Danton sera bâclé, oui il sera exécuté. Oui, Robespierre, comme il semble le pressentit… le suivra.

Un petit « abécédaire révolutionnaire » nous est distribué en arrivant. Il serait bon d’avoir le temps de jeter un coup d’œil sur ce « pense-bête », pour mieux profiter du spectacle. C’est Olivia Barron qui l’a écrit…et bien écrit.

Gérard Noël

 

La Mort de Danton

De Georg Büchner
traduction d’Arthur Adamov.
Mise en scène : François Orsoni.

Avec : Brice Borg, Jean-Louis Coulloc’h, Mathieu Genêt, Alban Guyon, Jenna Thiam. Dramaturgie : Olivia Barron.
Musique : Thomas Landbo, Rémi Berger. S
cénographie : Pierre Nouvel.
Costumes : Pascal Saint-André.
Perruques : Cécile Larue.
Régisseur Bastille : Bruno Moinard.

 

Mis en ligne le 24 février 2017