LA LOI DE TIBI

Au Théâtre de Ménilmontant,
15 rue du Retrait
75020 PARIS.
01 46 36 98 60

À 21h, les 13-20-27 novembre et 4-11-18 décembre 2013

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Mis en ligne le 31 octobre 2013

La loi de Tibi

Le titre original de cette pièce de Jean Verdun (né en 1931) était « Nous ferons mieux que nos pères ». Ici, ce qui est mis en avant, c'est le personnage principal et sa loi ou règle dite « de la pyramide », qui établit une relation entre le faible nombre de très riches et le nombre des pauvres à la base. Cette pièce qui évoque l'Afrique, pourrait aussi se situer en Amérique du Sud. Ou ailleurs. Elle se passe dans un bidonville, lieu où les habitants ont « moins que rien ». Tibi en est le maître de cérémonie ès enterrements, en même temps que le conteur. En effet, c'est un personnage prolixe qui, dans un décor sobre, parle longuement de sa vie, de la misère en général et celle du bidonville en particulier. « Il y a là un complot, assène-t-il, et cette misère n'est pas le fruit du hasard : elle est organisée ! »

Il n'y a pas d'enjeu véritable, sauf, pour Tibi, celui de savoir, entre deux coups de feu et deux enterrements, qui a bien pu se cacher dans sa modeste cabane. Un hic : Tibi est un diseur et le comédien J.M Martial, qui a fait également la mise en scène, ne se dépare que rarement de son rôle de bateleur, tout en énergie. Le problème du monologue, c'est que l'émotion peut tarder à venir. En parlant seul, on évoque le passé (pour de supposés touristes qu'incarne le public) ou bien on fait des commentaires sur le présent. Le personnage est sympathique, pourtant et Jean-Michel Martial lui prête sa faconde et sa bonhomie. Mais la pièce ne commence véritablement (à notre avis) que quand paraît Mara, jeune femme mutique. A-t-elle été violée par des soldats, s'est-elle prostituée ? On hésite. Mais dans la relation entre ces deux-là, quelques chose passe, de l'ordre du théâtral. Il y a de beaux moments, alors, comme la douche que prend la jeune femme, la façon dont elle retrouve peu à peu la parole… et la confiance. Évoquée par Tibi, une réunion de chefs d'état fait sourire, comme font frémir les magouilles autour de la récupération des cercueils. On apprécie musique et lumières comme elles le méritent.

On s'installe peu à peu dans ce spectacle qui a le mérite de nous confronter à un problème majeur, celui de la pauvreté dans un tiers-monde qui n'est pas ici d'opérette. Des choses sont dites, et sur la mort et sur la violence et l'on peut être pris par cet univers d'où émergent les gestes larges de Tibi, sa cape et son chapeau, suivis par le regard de la frêle Mara. Toute une humanité se redresse par-delà les épreuves, affirmant son appétit de vivre et sa foi en l'avenir.

Gérard Noël

 

La loi de Tibi

Pièce de Jean Verdun.
Mise en scène : Jean-Michel Martial

Avec Virginie Emane ou Karine Pédurant, Jean-Michel Martial.

Collaboration artistique : Sophie Bouillot
Création lumières : Jean-Pierre Népost
Création musicale : Eric Vinceno
Costume Tibi : Pascale Bordet

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