LA LOCANDIERA

Théâtre de L'Atelier
1 place Charles Dullin
75018 Paris
01 46 06 49 24

Jusqu'au 29 janvier 2014
Du mardi au samedi à 20h00 – Matinée le samedi à 16h00

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Mis en ligne le 7 septembre 2013

La Locandiera

Écrite en 1753, La Locandiera reste l'une des meilleures comédie de mœurs de Carlo Goldoni qui croque ici avec délice deux mondes opposés confinés dans une auberge de Florence ; cette dernière est tenue de main de maîtresse par la gracieuse Mirandoline qui revendique avec une belle insolence son statut de femme libre et indépendante. Elle se joue habilement avec son esprit vif de ses nobles soupirants de passage et profite sans rougir de leurs largesses en refusant l'amour qui lui fait peur. Mais au loin dans l'ombre Fabrizio le valet veille.

Parmi ses pensionnaires du moment, un Chevalier aussi misogyne qu'arrogant, soutient hautement à qui veut l'entendre que la femme est pour l'homme une insupportable infirmité, et jure que jamais il ne tombera amoureux. Il va pourtant tomber dans les filets que Mirandole va lui jeter avec une habile coquetterie toute féminine.

Pour que ce duel amoureux reste comédie, Goldoni y installe d'autres personnages sortes de caricatures d'un temps passé mais follement drôles et qui portent leurs noms d'opéra Italien comme une hérédité. Le Marquis de Forlipopoli précieux jusqu'au bout du tricorne mais sans le sou, le comte d'Albafiorita argenté jusqu'à l'écœurement, deux comédiennes du peuple qui se donnent des airs mal maitrisés de grande dames et le chevalier de Ripafratta, solitaire, fuyant, comme la peste par peur de faiblesse, la belle aubergiste.

Marc Paquien a choisi l'option du décor minimal sur le grand plateau du théâtre de l'Atelier éclairé de manière intelligente, ce qui laisse un bel espace à tout ce petit monde qui se croise avec une certaine élégance entre deux répliques bien senties. Les changements se font à vue, chorégraphiés comme pour un menuet.

Deux tempéraments bien façonnés s'affrontent sur scène avec beaucoup de talent Dominique Blanc (Mirandoline) l'aubergiste qui tisse sa toile avec jubilation et André Marcon (Chevalier de Ripafratta) qui sur ses gardes et ses principes se laissera aller malgré tout au doux sentiment que son cœur lui dicte. Le jeu est sobre mais puissant, sans excès. Pas de grandes envolées qui fausseraient la justesse du ton. La partition est parfaitement maitrisée.

C'est avant tout une farce ou l'on rit beaucoup et que l'on savoure pendant 2H20. Un tableau vivant joliment mis en scène, une version du chef d'œuvre de Glodoni parfaitement réussie ou l'on sent la bougie, la poudre blanche des maquillages, le vin chypre et les solitudes de tout ce beau monde enfermé dans ses castes et ses conditions.

Patrick Rouet

 

 

La Locandiera

Auteur: Carlo Goldoni. Traduction de Jean-Paul Manganaro
Mise en scène: Marc Paquien assisté de Martine Spangaro

Avec: Dominique Blanc, André Marcon, Anne Caillère, François de Brauer, Anne Durand, Gaël Kamilindi, Pierre-Henri Puente, Stanislas Stanic

Décor : Gérard Didier
Lumières : Dominique Bruguière
Costumes: Claire Risterucci
Son : Xavier Jacquot