LA FUSILLADE SUR UNE PLAGE D’ALLEMAGNE

Théâtre Ouvert
Cité Veron
75018 Paris
01 42 55 55 50

Jusqu’au 10 février 2018
Lundi, jeudi, vendredi, samedi à 20h00
Mardi, mercredi à 19h00

 

La Fusillade sur une plage d’Allemagne loupePhoto © Christophe Raynaud de Lage 

Marc Lainé, metteur en scène et scénographe, a découvert le texte La Fusillade sur une plage d'Allemagne grâce à Caroline Marcilhac, directrice de Théâtre Ouvert qui a édité le texte de Simon Diard. L'histoire est difficile à raconter, faite de diffractions sombres et lumineuses.

La scénographie est épurée, une tombe en train d'être creusée est au milieu du plateau, un écran en fond de scène montre une forêt silencieuse.

Le spectacle commence avec Werner et la résurgence de son rêve meurtrier, il rêve qu'il assassine sa famille et se réveille, à chaque fois, au moment où le pistolet est sur sa tempe. Cette première évocation est effacée par la vision d'une plage en Allemagne. Werner et sa famille semblent profiter de ce moment paisiblement jusqu'à ce que la menace d'une tuerie de masse apparaisse. Un homme semble tirer sur les passants sans distinction alors que le petit frère d'un garçon resté sur la plage ne sait quoi faire pour sauver son frère. Il va au large, se perd dans un mélange de pulsion sexuelle et d'angoisse. Il semble avoir des boucles blondes, son évocation me fait penser à l'érotisme du personnage du jeune Tadzio dont l'image obsède le compositeur. Qui est cet assassin sur la plage ?

La seconde partie du spectacle est plus étrange encore mais concorde vers un même point, chaque personnage semble s'adresse à ce meurtrier dans sa tombe. Nous voyons le visage des personnages sur un écran situé en fond de scène, ce qui accentue la réalité du dialogue et le surréalisme de la situation.

Lors de la première partie, les comédiens s'approchent du public et leur adressent ce récit en dehors du plateau. Leurs évocations s'entrechoquent pour former des images angoissantes qui s'échappent avant que l'on puisse les saisir. Leur diction est parfaite mais le jeu est faible, un jeu distancié était peut-être l'intention. Seul Ulysse Bosshard parvient à incarner. Nous avions l’impression que le travail à la table n’était pas loin.

La Fusillade sur une plage d’Allemagne est un texte poétique, surprenant, qui demande aux spectateurs de se laisser porter, sans opposition, par ses évocations furtives et abstraites. Le texte, finalisé avant l’attentat de Sousse en Tunisie et ceux qui ont suivi, semble dire l’essence de la folie meurtrière. Le meurtre est évoqué seulement, l’entrecroisement des images transcende le fait pour nous laisser ressentir l’horreur.  L’abstraction textuelle est telle que l’expression subjective d’un metteur en scène semble difficile à exprimer. Les comédiens le font entendre merveilleusement mais les spectateurs ne ressentent pas le relief qu’un passage au plateau devrait offrir.

Alexandra Diaz

 

La Fusillade sur une plage d’Allemagne

écrit par Simon Diard
Mise en scène et scénographie Marc Lainé

Avec Cécile Fišera, Jonathan Genet, Mathieu Genet, Olivier Werner

Lumières Nicolas Marie
Vidéo Vincent Griffaut
Production Théâtre Ouvert-Centre National des Dramaturgies Contemporaines
Coproduction Théâtre National de Strasbourg

 

Mis en ligne le 25 janvier 2018