LA DÉGUSTATION

Théâtre de la Renaissance
20 Boulevard Saint-Martin
75010 Paris
01 42 02 47 35

Jusqu’au 30 juin 2019
Du mardi au samedi à 21h00, matinées samedi et dimanche à 16h30

 

La Dégustation loupePhoto © Charlotte Spillmaecker

Pour les "anciens", Bernard Campan restera à jamais associé à Didier Bourdon et Pascal Légitimus au sein du trio Les Inconnus, qu’ils avaient formé en 1989 et dont les sketches cultes leur ont valu un succès populaire phénoménal.

Dès les années 2000, pourtant, il abandonne ses rôles de comique et amorce un tournant décisif avec le film Se souvenir des belles choses, sorti en 2002,dans lequel Zabou Breitman lui donne son premier grand rôle dramatique, face à Isabelle Carré, bouleversante dans son interprétation d’une jeune femme en train de perdre la mémoire, qui lui vaut le César de la meilleure actrice l’année suivante.

Ces deux-là se retrouvent sur la scène du théâtre de la Renaissance, dans La dégustation, la nouvelle pièce d’Ivan Calbérac, réalisateur, scénariste, producteur et écrivain à qui l’on doit notamment L’étudiante et Monsieur Henri ainsi que Venise n’est pas en Italie.

Comédie romantique et drolatique, La Dégustation est une pièce dans laquelle on se sent tout de suite bien et où les spectateurs rient de bon cœur du début à la fin.

Le thème, pourtant, n’a rien de particulièrement comique.

Jacques, un caviste célibataire et solitaire depuis son divorce quinze ans plus tôt, n’a qu’une passion, le vin, qu’il aime faire découvrir lors de séances de dégustation qu’il organise dans son magasin.

Hortense, sage-femme engagée dans l’associatif, catho (mais pas coincée), en passe de devenir vieille fille (mais pas aigrie), et terriblement préoccupée par son horloge biologique, débarque un jour dans sa boutique.

Une attirance réciproque semble s’installer mais si Hortense envisage avec enthousiasme de s’engager dans une relation amoureuse et s’inscrit à un atelier de dégustation dans l’intention de faire bouger les choses, Jacques, prisonnier d’un passé douloureux – comme nous l’apprendrons ultérieurement –, freine des quatre fers.

Le comique naît de la confrontation de ces deux personnalités tellement opposées, elle, nature joyeuse et ouverte aux autres, résolument tournée vers l’avenir ; lui, ours bourru accroché à son passé.

Autour d’eux, le voisin libraire qui accourt dès qu’il entend le bruit d’une bouteille qu’on débouche (la cloison entre les deux magasins étant terriblement mince) et Steve, le jeune en liberté conditionnelle qui fait irruption dans la cave de Jacques pour solliciter (avec insistance) un stage, font tout pour lever les réticences du caviste.

Cela donne lieu à des échanges particulièrement cocasses.

Tout le comique, en fait, tient à la drôlerie des dialogues, aux remarques naïves de la jeune femme, involontairement chargées de connotations sexuelles, qui font hurler de rire la salle.

Quant à Steve, le petit délinquant, il est hilarant avec sa dégaine et son parler de jeune de banlieue.

Les répliques fusent, l’action se déroule sans temps morts et Jacques finit par écouter son cœur, suivant en cela les conseils de son médecin qui lui a fait passer un message explicite en lui laissant son stéthoscope.

La distribution est parfaite. Isabelle Carré enchante par sa fraîcheur juvénile et chaque comédien est conforme au personnage qu’il interprète.

Le décor est particulièrement réussi et rivaliserait sans problème avec une vraie cave. On en vient même à se demander si les bouteilles de vin sont vraies et si les comédiens boivent réellement du vin !

Et puis, un décor construit, c’est tellement agréable et ça change des plateaux nus (même si on a vu nombre d’excellentes pièces avec des décors minimalistes).

Bref, si La dégustation n’est pas vraiment un grand moment de théâtre, c’est un spectacle sympathique et chaleureux, un merveilleux divertissement qui ravit le spectateur.

On en sort revigoré et d’humeur joyeuse.

Que demande le peuple ?

Elishéva Zonabend

 

La Dégustation

De : Ivan Calbérac
Mise en scène : Ivan Calbérac

Avec : Bernard Campan, Isabelle Carré, Mounir Amamra, Éric Vielard et Olivier Claverie

Scénographie : Édouard Laug
Lumières : Laurent Béal
Costumes : Cécile Magnan
Assistante mise en scène : Kelly Gowry

 

Mis en ligne le 12 février 2019