LA CANTATRICE CHAUVE

Théâtre de l’Athénée – Louis Jouvet
Square de l’Opéra Louis Jouvet
7 rue Boudreau 
75009 Paris
01 53 05 19 19

Jusqu’au 3 février 2018
Du mercredi au samedi à 20h00
Mardi à 19h00

 

La Cantatrice chauve loupe Photo Christian Berthelot

La Cantatrice chauve est la première pièce d’Eugène Ionesco créée en 1950 au feu Théâtre des Noctambules situé dans le quartier latin. Pour la dernière fois, l’Athénée a décidé de reprendre la mise en scène de Jean-Luc Lagarce avec la fabuleuse distribution d’origine qui a déjà joué à plusieurs reprises dans la grande salle à l’italienne. Première pièce, dernières représentations, ce spectacle est précieux. La reprise s’est faite notamment grâce au regard extérieur de François Berreur, proche collaborateur artistique de Jean-Luc Lagarce.

Tentons de rappeler l’histoire de la pièce. Mme Smith et M. Smith vivent dans un pavillon dans la banlieue londonienne, ils ont une bonne et ont des amis qu’ils ont invités à dîner, Mme Martin et M. Martin. Les deux couples n’ont pas grand-chose à se dire. L’arrivée inattendue du pompier donne l’espoir d’un peu d’animation... Il n’en est rien. Ionesco nous présente l’absurdité de l’existence de ces couples embourgeoisés qui n’ont rien à se dire. La répétition masque l’absence de dialogue jusqu’à l’épuisement du langage lui-même. La vacuité du quotidien est tragique et drôle même si le comique de répétition, présent dans le texte de l’auteur, peut lasser les spectateurs. 

La mise en scène de Lagarce ainsi que le décor de Laurent Peduzzi sont le fruit d’un travail minutieux. Rien n’est laissé au hasard. Cette grande maison sans âme entourée de gazon synthétique est une subtile métaphore du vide du couple Smith. La haie et ce portail blanc préparent l’apparition magique du couple Martin. La boucle du tuyau d’arrosage jaune dans lequel les deux femmes commencent leur dialogue, signe de l’éternelle répétition du quotidien. Les couleurs criardes – la cravate orange des maris, le tailleur rose bonbon des femmes – habillent des êtres creux, le tout formant un oxymore. Ces subtilités sont extraordinairement nombreuses et titillent l’imaginaire des spectateurs. 

La fin n’en finit pas, les cartes sont rebattues. À nous de la choisir ? La pièce d’Ionesco qui souffre de quelques longueurs est ici transcendée par l’intelligente mise en scène de Lagarce. Allez-y, il semblerait que ce soit la dernière !

Alexandra Diaz

 

La Cantatrice chauve

Texte Eugène Ionesco
Mise en scène Jean-Luc Lagarce

avec Mireille Herbstmeyer, Jean-Louis Grinfeld, Marie-Paule Sirvent, Emmanuelle Brunschwig, Olivier Achard, Christophe Garcia, François Berreur

décor Laurent Peduzzi
lumière Didier Etievant
costumes Patricia Dubois
regard extérieur François Berreur
production : Compagnie Les Intempestifs I production déléguée : Les 2 Scènes–Scène nationale de Besançon

 

Mis en ligne le 22 janvier 2018