L’AVARE

Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 Paris
01 45 45 49 77

Jusqu’au 31 décembre 2017
lundi mercredi et jeudi à 19h00.
Mardi vendredi à 20h30, samedi à 16h00.

 

L’Avare loupe Photo LOT

Il est des classiques qu’on ne se lasse pas de revoir : L’Avare en fait partie. Frédérique Lazarini en présente une version à la fois fidèle et malicieuse, sans en éluder la cruauté. Le décor figure un jardin, celui-là même où Harpagon enterre sa précieuse cassette. Il y a des chaises qu’on déplace, et des haies qui offrent des possibilités d’apparition ironique des têtes de personnages.  Plus une étrange silhouette occupée à sulfater des insectes.

Soit donc Cléante qui est amoureux de Marianne et sa sœur Élise dont les amours avec Valère sont contrariées. Par qui ? Comme nous sommes chez Molière, il s’agit de son père, bien sûr, dont l’avarice rend la vie impossible à tout son entourage. Interviennent aussi un valet retors, La Flèche, plus une intrigante nommée Frosine à qui Frédérique Lazarini prête son autorité canaille. La fin est un peu sacrifiée (on connaît le mot : Molière ne dénoue pas ses pièces, il les finit.) mais le traitement vaut le détour : les scènes s’enchaînent joliment, les éclairages sont soignés et des effets sonores (avion, orages…) créent une ambiance décalée, qui sert bien le propos. Notons les alternances pluie et beau temps, jour et nuit, habile contrepoint aux atmosphères des scènes.

L’interprétation est homogène, efficace : Cédric Colas convainc en Cléante, comme Katia Miran en Marianne. Guillaume Bienvenu est nuancé dans ses scènes d’opposition à son avare de père. Les deux rôles dits secondaires ne sont pas sacrifiés : en La Flèche, Didier Lesour campe un curieux personnage, revenu de tout mais prêt à repartir, tandis que Michel Baladi donne une truculence naïve à son Maître Jacques. Nous avons gardé pour la fin Emmanuel Dechartre. Il est Harpagon. Un Harpagon subtil et inquiétant. Sa fausse bonhomie et son œil rieur n’en font que mieux éclater la noirceur. À ce propos, le comédien avoue penser à Georges Chamarat, illustre interprète d’Harpagon au « Français », qui fut son professeur. À l’époque, Dechartre jouait Cléante. Voici qu’il lui est donné d’incarner le rôle-titre de la pièce… et c’est une réussite.

Gérard Noël

 

L’Avare

Mise en scène : Frédérique Lazarini.  
Dramaturgie : Henri Lazarini.
Musique : John Miller.
Lumières : Cyril Hamès.
Scénographie : Philippe Le Roy.
Assistante à la mise en scène : Lydia Nicaud.
Costumes : Théâtre La Mare au Diable.

Avec : Emmanuel Dechartre, Michel Baladi, Guillaume Bienvenu, Cédric Colas, Jean-Jacques Cordival, Charlotte Durand-Raucher, Denis Laustriat, Frédérique Lazarini, Didier Lesour, Katia Miran.

 

Mis en ligne le 18 novembre 2017