KENNEDY

Le 3 juin au théâtre Montansier à Versailles à 20h30

Puis au Chêne noir à Avignon du 6 au 30 juillet à 15h00

 

Kennedy loupe 

On a tous en mémoire le visage de ce président jeune et flamboyant, la décapotable dans les rues de Dallas, un tailleur rose taché de sang, la blondeur lumineuse de Marilyn, l’élégance et le sourire de Jackie, le coup de feu dans les couloirs d’un hôtel qui met fin aux espoirs de tout un clan.
On ne compte plus les ouvrages, livres, films, qui ont témoigné du tragique destin des Kennedy et on en sait pratiquement tout ce qu’il est possible d’en savoir.
Et c’est là que la pièce de Thierry Debroux est formidablement intelligente en ne prétendant aucunement être un documentaire ou une énième reconstitution historique.
Non, ici elle donne une vraie dimension théâtrale à l’Histoire dans sa façon de nous raconter des faits avérés en introduisant un personnage fictif mystérieux et en ne cherchant absolument pas une quelconque ressemblance physique avec John et Robert Kennedy, les faisant devenir ainsi de vrais personnages.
Nous sommes le 19 mai 1962 dans la suite d’un hôtel. Marilyn, ivre et d’une folle sensualité, dans une robe qui la déshabille plus qu’elle ne l’habille, vient de chanter « Happy Birthday, Mister Président ». Les deux frères Kennedy s’affrontent, la prestation érotique de l’actrice risque de mettre à mal l’image du couple présidentiel. Jusque là on est en terrain connu. Puis Bob sort, apparaît une jeune femme, et nous basculons alors dans un tout autre univers, complètement irrationnel. Qui est cette femme qui va revenir à intervalles réguliers sous les traits tantôt de Marilyn, tantôt de Jackie – saluons au passage le travail effectué sur les costumes – ou de plusieurs autres personnages moins connus. Représente-t-elle les pensées des deux hommes, est-elle une allégorie de la mort, du destin ? Peu importe, à chacun de choisir, mais c’est grâce à elle que l’Histoire devient Théâtre.
Les dialogues sont incisifs et dessinent, loin des apparences trompeuses, le portrait d’un président souffrant, de la maladie des os qui le brise, de la rigidité de sa mère, des manipulations de son père, d’un mariage malheureux, le rendant finalement très proche de Marilyn.
La mise en scène inventive et ingénieuse de Ladislas Chollat permet de naviguer entre rêve et réalité, avec des rideaux de voile transparents et un panneau mobile sur lesquels sont projetées des vidéos d’archive. Une mise en scène construite comme un thriller qui soutient un jeu d’acteurs impeccable d’une grande intensité parvenant ainsi à nous tenir en haleine alors qu’on connaît la fin.
Fiction et Histoire se télescopent, jusqu’à l’image finale, terrible, où les deux se rejoignent, nous laissant étreints par l’émotion.

Nicole Bourbon

 

Kennedy

De Thierry Debroux
Mise en scène : Ladislas Chollat
Assisté de Catherine Couchard

Avec :
Alain Leempoel
Dominique Rongvaux 

Anouchka Vingtier

Scénographie : Emmanuelle Roy
Lumières : Alban Sauvé
Costumes : Jackye Fauconnier
Création make up et coiffure :Bouzouk
Musique : Frédéric Norel

 

Mis en ligne le 3 juin 2016