JEKYLL & HYDE

Comédie Bastille
5, rue Nicolas Appert 
75011 Paris 
01 48 07 52 07

Le mardi à 20h00
4 représentations exceptionnelles les mercredis à 19h30 : 20 janvier, 3 février, 17 février et 2 mars

 

Jekyll & Hyde loupe 

Une lumière blafarde éclaire l’intérieur d’une maison londonienne. Une silhouette étrange coiffée d’un haut de forme et d’une cape noire apparaît l’espace d’un instant colorée par une musique inquiétante. L’image est furtive mais l’on comprend que le mal va prendre possession des lieux. Nous sommes à l’époque victorienne dans la demeure de l’honorable docteur Jekyll, éminent chercheur, fasciné par la  dualité entre le bien et le mal qui va faute de cobaye humain, expérimenter sur lui la potion ultime.

J’avais vu ce seul en scène à Avignon cet été et j’en étais sorti conquis. Jekyll et Hyde se sont installés ou plutôt devrais-je écrire s’est installé à la Comédie Bastille pour deux soirs par semaine et depuis la pièce a beaucoup évolué. L’adaptation de la nouvelle de Robert Louis Stevenson écrite en 1886 a pris une ampleur considérable.

L’ambiance y est plus oppressante, plus réaliste. Un jeu de lumière bleu savamment étudié,  angoissant à souhait nous entraîne dans les bas fonds de Londres. Le brouillard s’y répand masquant à peine le son des musiques irlandaises qui suintent des cabarets plein d’ivrognes et de filles de mauvaises vies. Le royaume du mal en sorte, le royaume de Hyde, qui danse comme un beau diable, inquiétant, fou, violent, libéré de toutes ses peurs, séducteur jusqu’au meurtre qu’il aborde comme un salut salvateur. Celle qui tuera sans le moindre remord n’est autre que Betty, la fière Londonienne, dont Jekyll est follement épris sans oser mettre à ses pieds son amour.

La scène finale qui a été aussi remaniée est le grand moment de ce spectacle. Pierre Azéma se revêt de cette schizophrénie effrayante avec un réalisme presque inquiétant. Passant de l’un à l’autre comme l’on passe du blanc au noir, du bien au mal, de l’enfermement à la liberté. Il entame devant un public qui retient son souffle ce combat à mort que Jekyll livre contre son double Hyde devenu trop embarrassant pour le salut de sa bonne conscience.

Spectacle de haute tenue servi par l’écriture élégante et claire de Pascal Salaün, par la mise en scène rigoureuse de Bénédicte Bailby et par l’époustouflante performance de Pierre Azéma. Un seul en scène captivant du début à la fin qu’il ne faut pas manquer d’aller voir.

Patrick Rouet

 

Jekyll & Hyde

de Robert L. Stevenson
Adaptation : Pascal Salaün
Mise en scène : Pierre Azema et Bénédicte Bailby

Avec : Pierre Azema.

Costumes : Nathalie Vignon
Lumières : Sébastien Lanoue

 

Mis en ligne le 30 octobre 2015

Actualisé le 20 janvier 2016