JE NE SERAI PLUS JAMAIS VIEILLE

Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
75008 Paris
Tél: 01 42 65 90 00

Jusqu'au 1er novembre
Du mardi au samedi à 21h00
Matinée le samedi à 17h00

Merci de cliquer sur J'aime
Mis en ligne le 20 septembre 2014

Un spectacle coup de poing, fort, violent, éprouvant, dont on ne sort pas indemne mais à voir absolument.

Un auteur, Fabienne Perineau, qui ose dévoiler ce qui se cache derrière les rideaux, la face noire qu'on occulte, ce sujet tabou qu'on évite alors qu'une femme meurt tous les trois jours dans l'indifférence sous les coups de son compagnon. Des mots qui heurtent, serrent le cœur, soulevant de terribles images, des mots qu'il faut absolument entendre car trop souvent tus.

Une femme, broyée, enfermée, violée moralement et physiquement, magistralement interprétée par une comédienne à découvrir absolument. Cristine Citti, extraordinaire, viscérale, une comédienne pour trois personnages qu'elle va faire vivre tour à tour sous nos yeux, l'épouse, le mari, la femme de ménage.

Elle va nous faire découvrir cette femme de 40 ans qui se sent si vieille, avilie et humiliée qu'elle est par un monstre, un homme qu'elle aime, que tous adorent sous le visage attentionné qu'il présente en société, son mari, qui en a fait sa chose, elle qui était pourtant une brillante architecte.

La mise en scène sobre et resserrée de Jean-Louis Martinelli est toute entière concentrée sur le personnage et le texte. Dans un espace restreint cerné de murs, une femme se balance sur un rocking chair. Elle est vêtue d'une ample tunique rouge qui cache ses formes, comme ces femmes étrangères qu'une religion mal comprise (utilisée ?) oblige à se dissimuler derrière leurs vêtements.

Enfermée pendant les trois jours où son compagnon est en voyage, elle parle à Luba, la femme de ménage. Cela commence doucement, d'une façon anodine, elle parle de son mari qui l'aime et qu'elle aime, et puis insensiblement le ton change, et nous découvrons avec horreur l'enfer qu'elle subit et semble accepter comme normal.

Comme prise à son propre jeu, elle se laisse peu à peu emportée par la confidence, les humiliations quotidiennes, les petites phrases assassines que lui dit le mari et qu'elle nous restitue d'un simple changement de voix, des choses anodines d'abord, puis plus incisives, les critiques sur ses tenues, robe trop courte, trop transparente, pour en arriver à l'indicible, mots jetés comme mécaniquement, regard fixe, la soumission sexuelle, l'acceptation des désirs de l'homme, la souffrance, mais c'est le mari n'est-ce pas, il a le droit ! Et les coups aussi. Un long cri, le corps qui se tend, bras tendu vers le ciel comme un appel au secours.

Et puis l'intervention de Luba, la femme de ménage. Comme une délivrance. Enfin.

Un spectacle d'une puissance émotionnelle intense. À découvrir. Absolument.

Nicole Bourbon

 

Je ne serai plus jamais vieille

De Fabienne Perineau
Mise en scène Jean-Louis Martinelli

Avec Christine Citti

Costumes Nadine Moec
Lumières Jean Marc Skatchko
Décor Atelier Jipanco

Version imprimable (PDF)