JE MARCHE DANS LA NUIT PAR UN CHEMIN MAUVAIS

Théâtre de la Tempête
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu'au 13 avril
Du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h

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Mis en ligne le 30 mars 2014

Je marche dans la nuit par un chemin mauvais
Photo Antoine Bozzi

C'est une rencontre entre un grand-père et son petit fils, le temps d'un été, dans une campagne perdue. Choc des générations, choc culturel et collision entre un monde rural vivant comme il y a un demi-siècle et un adolescent typiquement imbibée de technologie, de confort et de nourriture industrielle.

Le vieux est rude, âpre au gain, il vit dans un isolement sauvage et dans une économie méticuleuse. Il a le caractère qui va avec, autoritaire, sans concession, à l'ancienne. Un personnage très bien tenu par Yves Graffey. Le jeune est emporté, vindicatif, en crise d'adolescence. Il a d'ailleurs été envoyé chez cet ancêtre qu'il ne connaît pas comme une punition après une querelle avec son père, certainement pour lui apprendre un peu la vie. Cela commence donc par une franche aversion réciproque. Cela finira par une amitié, une affection mutuelle.

Une jolie histoire pleine de bons sentiments sur un fond de guerre d'Algérie et d'un secret lourd à porter pour le vieil homme, là où la grande Histoire percute l'histoire personnelle : le petit-fils est issu d'un mariage mixte entre un Algérien et une Française, le grand-père a commis un crime durant la guerre d'Algérie, un crime qui le hante.

Le spectacle raconte donc une sorte de passage initiatique pour ce jeune homme un peu sans repère.

Un décor unique où les deux protagonistes vont peu à peu s'apprivoiser : une maison sans mur ni porte entourée d'herbe. Les scènes sont vives, courtes, elles vont à l'essentiel. Ce sont des scènes du quotidien, des petites frictions, des repas, des affrontements muets, des bouderies, des vexations et aussi de bons moments, des gestes l'un vers l'autre : le grand-père achète du coca, le jeune goûte la gnole, le grand-père se met à boire du coca en cachette, le jeune accepte de faucher le terrain…

L'écriture d'Ahmed Madani est très simple, presque superficielle. On a l'impression d'avoir déjà vu des centaines de fois ce type de rencontre entre un passé rigidifié par le temps et un présent agité dans tous les sens : les valeurs de la morale et de la terre face à l'égarement du monde de consommation. N'était ce secret sur l'Algérie que le jeune parvient à libérer, on se sent face à des stéréotypes sans grande originalité. Une petite musique plutôt cinématographique que théâtrale.

Bruno Fougniès

 

Je marche dans la nuit par un chemin mauvais

Texte et mise en scène Ahmed Madani
Scénographie Raymond Sarti
Lumières Damien Klein
Création sonore Christophe Séchet
Création vidéo Nicolas Clauss
Costumes Keren Serreau

Avec Vincent Dedienne, Yves Graffey