JE DOIS TOUT À MA MÈRE

Au théâtre du Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs
75006 PARIS
01 45 44 57 34

Jusqu'au 19 avril 2014.
Du mardi au samedi à 21h.

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Mis en ligne le 27 mars 2014

Je dois tout à ma mère

On reste mitigé, devant ce spectacle donné au Lucernaire. Dans un lieu plutôt dépouillé, voici qu'un homme s'avance au devant de nous : il s'appelle François Frin et, suite à une discussion avec son vieux copain un peu bas du front, il envisage, mais très sérieusement, de « buter sa mère ». Bien sûr, à bien y réfléchir, il ne tarde pas à trouver une accumulation de griefs… à adresser à sa génitrice, comme dirait François Mauriac. Un contact est pris avec un tueur à gages… comme dans tout bon roman policier qui se respecte. La visite au tueur, gare d'Austerlitz, est assez drôle, notamment à cause des pensées parasites qui viennent à ce moment à François. Il doit ensuite emprunter de l'argent à un vieux copain (trente-mille euros, tout de même !) pour payer ledit tueur, tout ceci étant entrecoupé d'appels de la mère. C'est une femme à la voix acide, caricaturale,  qui se répand en reproches « Une mère voit tout, c'est son rôle ! » ou encore « S'il y avait un prix d'ingratitude, tu l'aurais ! »

Une fois que le marché est conclu, François Frin hésite… il n'hésitera pas longtemps. Sans déflorer la suite et la fin du spectacle, disons simplement qu'elle réserve une surprise et finit en demi-teintes, contrairement à ce que promettait le début.

Le tout est bouclé en une heure environ. Décor minimaliste. Éclairages soignés. Le texte, en dépit de trouvailles, est peut-être un peu court. Et littéraire parfois : on y parle « d'éphèbes » et de « boulot pérenne ». 

L'auteur-comédien est plus connu comme metteur en scène, adaptateur et directeur de lieux.  Après avoir consacré sa vie au théâtre, nous révèle le flyer, il se jette à l'eau et décide de se retrouver pour la première fois seul face au public. Qu'en dire ? Que le comédien est impeccable, sobre juste ce qu'il faut. Il a l'art de suggérer en quelques traits un personnage ou un autre. Il occupe la scène avec aisance, dosant sourires de connivence et confessions de son personnage. On croit à cette histoire. Au final, un spectacle prometteur pour ce faux débutant qu'est Philippe Honoré.  On peut se régaler à voir cette pièce, tout en attendant avec intérêt les suivantes.

Gérard Noël

 

Je dois tout à ma mère

Écrit et interprété par Philippe Honoré.
Mise en scène : Edith Vernes.
Lumières : Alexandre Dujardin.
Création sonore : Jeanne Signé.