J’AI DANS MON CŒUR UN GENERAL MOTORS

Théatre de la Bastille,
76 rue de la Roquette
75011 Paris
01 43 57 42 14

Jusqu’au 3 avril

 

J’ai dans mon cœur un General Motors loupe 

Sur le papier, le thème était prometteur : « À Détroit, dans les années 60, il y a Ford, General Motors et Motown, l'entreprise musicale de Gordy.(…)
Tandis que les mouvements de libération noirs, Black Panthers en tête, entament une guérilla pour dynamiter le capitalisme de l’intérieur, Gordy et Diana, premiers entrepreneurs noirs millionnaires, exportent et vendent leurs chansons d’amour. (…) Révolution afro-américaine ou capitalisme noir ? »

Hélas, trois fois hélas, grande fut la déception.

Nous voici propulsés au sein d’une famille terrifiante, menée par un véritable tyran domestique, Berry Gordy qui n’a de l’original que le nom espérons le.

Nous avons droit à une suite de scènes sans queue ni tête, genre pseudo conceptuel, texte sans grand intérêt, la palme revenant à cette réplique d’un humour plus que douteux « Prends les devants pendant que je te prends par derrière », personnages caricaturaux au possible. Les comédiens il faut le reconnaître livrent là une véritable performance physique, et que je trimballe à tout bout de champ un réfrigérateur, et que je me roule par terre, et que je m’asperge de paille ou m’enveloppe de cellophane, et que j’escalade le décor, véritable capharnaüm de squelettes de voitures, pare-chocs, calandres, portières et autres pneus, d’une pauvre cuisine où trône un canapé défraîchi.

Mais pourquoi les faire parler dans un charabia mi français mi anglais niveau cours élémentaire ? Pourquoi ces scènes ridicules, la femme qui sodomise son mari, ce dernier qui met une couche improvisée à son vieux père qui s’est fait dessus ? Qu’apportent-elles à la réflexion ? S’il faut saluer la composition de Vincent Arot dans le rôle de Pupuce, la fille obèse, le personnage et les situations sont si exagérés qu’il est impossible de ressentir une quelconque empathie.

C’est d’ailleurs ce qui pêche, ce jeu exagéré digne d’un mauvais boulevard pas du tout adapté au thème qui méritait mieux que cette succession de clichés et des chansons pas très bien interprétées, touchant même parfois au massacre. Dommage pour les fans de la « Motown ».

Le théâtre doit me semble-t-il raconter une histoire, amener à réfléchir, créer des sensations.

Rien de tout cela ici, on cherche vainement un brin d’idée, un soupçon d’émotion.

Le public reste coi, ce qui amène d’ailleurs une des comédiennes visiblement excédée à apostropher les personnes qui, n’en pouvant plus, partent avant la fin ou d’intimer d’arrêter à une personne qui apparemment rit alors qu’il n’y a pas matière. Sans doute croyait-elle à du second degré…

C’est vrai que ce n’était pas drôle. Simplement grotesque.

Nicole Bourbon

 

J’ai dans mon cœur un General Motors

Compagnie Vous êtes ici

Mise en scène Julien Villa 
Dramaturgie Vincent Arot 
Scénographie Sarah Jacquemot-Fiumani

Avec :
Vincent Arot, Laurent Barbot, Nicolas Giret-Famin, Clémence Jeanguillaume,
Amandine Pudlo et Noémie Zurletti

 

Mis en ligne le 4 avril 2016