INTRIGUE ET AMOUR

Théâtre 71 - Scène nationale de Malakoff
3, place du 11 Novembre 
92240 Malakoff
01 55 48 91 00 

Jusqu'au 16 octobre 2015
Mardi et vendredi à 20h30
Mercredi, jeudi et samedi à 19h30
Dimanche à 16h00

 

loupe

Comme pièce de Schiller, on ne cite, le plus souvent que « Les brigands » Et pourtant, cet auteur du XVIIIème siècle, grand ami de Goethe mérite mieux que ça. De son œuvre fortement teintée de romantisme, on ne peut nier la forte charge révoltée. D’ailleurs la France lui donnera, en 1792, la nationalité française. Pour être complet, il sera anobli et la particule « von » ajoutée à son nom, peu avant sa mort.         

Mais revenons à « Kabale und Liebe », autrement dit « intrigue et amour », qui date de 1784. Elle évoque les amours compliquées d’un jeune noble, Ferdinand, avec la fille d’un violoniste, qui se prénomme Louise. Le père de Ferdinand, ci-devant Président Von Walter ne l’entend pas de cette oreille. Lui voudrait le marier à la maîtresse d’un duc, pour des raisons éminemment politiques. D’où coups bas, intrigues, lettre… et poison, tout ceci évoquant fortement Shakespeare.

D’entrée de jeu, on découvre la grande scène envahie d’objets divers et d’une barre de projecteurs. « Non… » se prend-on à soupirer, tant l’effet de la pièce dans la pièce et des coulisses exposées est devenue une banalité. Il y a même « la servante », cette lampe unique, qui sert aux comédiens à s’orienter dans les coulisses. Et puis cela commence. Avec une scène forte entre les parents de Louise, les excellents Philippe Fretun et Sophia Leboutte. Peu à peu, on s’intéresse. On entre dans l’intrigue. Puis, à un autre coin de la scène, le terrible Président Von Walter sort de son bain, revêt une robe de chambre et tonitrue.

Finalement, les défauts du début deviennent des qualités : vivacité des entrées et sorties, capharnaüm sur scène qui maintient le tout entre sérieux et parodie. Et le texte de Schiller, parfois traduit de façon trop actuelle, tient le coup. La mise en scène est fluide, habile mais pas trop (même si l’ouverture du fond de scène à la fin, sur une rue de la ville, est convenue). Les comédiens sont au mieux de leur forme : Jean-Claude Drouot se montre impérial en Président Von Walter et le couple d’amoureux émeut : Mélodie Richard promet beaucoup : elle a cette légèreté tragique et ce côté étrange des grandes héroïnes. Quant à Thomas Condemine, il est retors, passionné, alternant avec brio énergie et doute. Le reste de la distribution est aussi très bien avec une mention pour Olivier Constant dans le rôle de Wurm, l’âme damnée du Président.

En bref, ce spectacle, qui part sous peu en tournée en France (et Suisse) est hautement recommandable. Pour les fans de Schiller…et les autres.

Gérard Noël

 

Intrigue et Amour

De Friedrich Schiller
Mise en scène : Yves Beaunesne
Texte français et collaboration artistique : Marion Bernède
Scénographie : Damien Caille-Perret
Lumières : Florent Jacob
Création musicale : Camille Rocailleux
Maîtrise de chant : Haïm Isaacs
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz
Maquillages : Catherine Saint-Sever
Assistanat à la mise en scène : Marie Clavaguera Pratx et Marie Baxerres

Avec : Hélène Chevallier (Sophie), Thomas Condemine (Ferdinand von Walter), Olivier Constant (Wurm), Frédéric Cuif (un valet), Jean-Claude Drouot (le Président von Walter), Philippe Fretun (Miller), Anne Le Guernec (Lady Milford), Sophia Leboutte (la femme de Miller), Mélodie Richard (Louise), Gaël Soudron (Kalb)

 

Mis en ligne le 9 octobre 2015

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