HYMNE

Théâtre des Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001 PARIS
Jusqu'au 1er juin du jeudi au samedi à 19h30

Hymne

Woodstock 1969. Le 18 août exactement. Jimi Hendrix prend sa guitare et joue The Star Spangled Banner, l'hymne américain, dans une version dérangeante qui scandalisera les uns et fera chavirer les autres.

Une femme, Lydie Salvayre, est dans le public. Elle est bouleversée. Lydie est écrivain, elle est l'auteur notamment de « La compagnie des spectres, 7 femmes, La puissance des mouches, Les belles âmes » –.

Ce qu'elle vient de vivre l'émeut au plus haut point et va lui inspirer un texte magnifique, puissant, intense, d'un lyrisme absolu. Un texte où elle va raconter l'artiste mais aussi se mettre dans sa peau, imaginer ses pensées.

2013. Une autre femme, Isabelle Hurtin, va faire vivre ces mots brûlants sur une scène.

Sur un plateau nu sur lequel sont installés uniquement un pied de micro, un tabouret de bar, et au fond dans un angle côté jardin, des platines, un ordinateur, une table de mixage, elle va pendant 1h20 nous faire revivre la pluie et la boue de Woodstock, le musicien génial, cette légende flamboyante, mais aussi le petit garçon traumatisé et humilié, le gaucher de Seattle, celui qui jouait avec ses dents ou brûlait sa guitare, l'éternel assoiffé d'amour, ce fulgurant météore disparu à seulement 27 ans.

À ses côtés, DJ Goudman, haute stature, coiffure afro, costume bleu très seventies.

Un homme noir. Une femme blanche.

Lui, va jouer et remixer les riffs hurlants si connus et les clameurs d'une foule en délire, intervenant parfois dans le récit. Il est la voix de l'artiste disparu. Face au fleuve incandescent, au déluge de mots bouillonnants qui nous submerge, il est calme, « cool » comme on dit aujourd'hui.

Elle, va parler, parler, parler et parler encore.

Cigarette (électronique) à la main, en robe fleurie et blouson de cuir, bas à motifs et bottines à talon, crinière léonine, avec des airs à la Janis Joplin, jouant de sa voix comme d'un instrument qu'elle conduit à sa guise, chuchotant puis hurlant, à voix nue ou se servant d'un micro pour mieux jouer de l'amplification obtenue, comme Hendrix le faisait, elle vit intensément ce qu'elle dit, elle arpente la scène, renverse le pied de micro, s'agenouille, s'allonge, murmure, crie, pleure, chantonne, et on la suit, et on vibre avec elle, noyés dans l'eau claire de ses yeux qui lui mangent le visage.

C'est un voyage intense, hors du temps, une parenthèse fantastique, qui se termine par un superbe ballet de lumière, ombres noires voltigeant sur la musique éternelle de l'icône.

Oh, say, can you see, by the dawn's early light,
What so proudly we hail'd at the twilight's last gleaming ?
Whose broad stripes and bright stars, thro' the perilous fight,
O'er the ramparts we watch'd, were so gallantly streaming
And the rockets' red glare, the bombs bursting in air,
Gave proof thro' the night that our flag was still there.
O say, does that star-spangled banner yet wave
O'er the land of the free and the home of the brave ?

Francis Scott Key

Oh, dites-moi, aviez-vous vu aux premières lueurs de l'aurore,
Ce que si fièrement nous avons salué aux derniers rayons du crépuscule ?
Ces larges bandes et ces brillantes étoiles, au milieu de ce périlleux combat
Sur les remparts où nous guettions et nous nous lancions si courageusement ?
Et la lueur sanguine des fusées, les bombes explosant dans les airs,
Nous apportaient la preuve que malgré cette nuit, notre drapeau flottait toujours
O dites-moi, cette bannière étoilée flotte-t-elle encore
Sur cette terre de liberté et sur la demeure du courage ?

 

 

Nicole Bourbon

Hymne

De  Lydie Salvayre
Mise en scène  Isabelle Hurtin, Kevin Chemla, Thomas Cousseau
Compositeur(s) Dj Goudman, Jimi Hendrix
Lumières Jean-Marc Hennaut

Avec
DJ Goudman, Isabelle Hurtin

 

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