GEORGES ET GEORGES

Théâtre Rive Gauche 
6, rue de la Gaîté 
75014 Paris
01 43 35 32 31

Jusqu'au 31 octobre
Du mardi au samedi à 21h00
matinée le dimanche à 15h00

Mis en ligne le 27 août 2014

Éric-Emmanuel Schmitt nous livre cette fois-ci un vaudeville à la Feydeau. Normal puisque ce cher Georges en est le héros.

Fidèle à sa technique maintenant bien rôdée, l'auteur s'est sérieusement documenté, totalement imprégné de l'œuvre et de la vie de son personnage, l'a on peut dire littéralement  absorbé pour en restituer enfin de quoi nourrir sa féconde imagination.

Les clins d'œil abondent, notamment tirés de La dame de chez Maxim avec la môme Crevette, le fameux fauteuil extatique et quelques citations vachardes et misogynes comme Éric Emmanuel Scmitt les affectionne, par exemple  « Il n'y a que dans les courts instants où la femme ne pense plus à ce qu'elle dit qu'on peut être sûr qu'elle dit vraiment ce qu'elle pense. »

Les codes sont donc parfaitement respectés et utilisés : personnages survoltés, quiproquos en veux-tu en voilà, renversements de situation délirants, répliques irrésistibles et bien sûr portes qui claquent.

Un univers que le metteur en scène Steve Suissa a parfaitement su mettre en œuvre, faisant évoluer les personnages dans un véritable tourbillon très maîtrisé  et se servant des fameuses portes pour situer ingénieusement l'action.

Les comédiens s'en donnent à cœur joie et « mouillent la chemise » comme on dit.

Davy Sardou est parfait, offrant même une certaine ressemblance avec Feydeau, il ne lui manque que la moustache. Alexandre Brasseur campe un parfait Docteur Galopin, Thierry Lopez déjà remarqué dans Divina est hilarant au possible. Côté femmes, c'est un pur délice, Véronique Boulanger (Dans La femme du Michel Ange la saison dernière) est absolument irrésistible en reine de Batavia, Zoé Nonn a l'abattage qui convient, et Christelle Reboul en Madame Feydeau peut déployer une large palette d'émotions.

Tout cela nous mène tambour battant dans un univers des plus loufoques où l'on se demande où l'auteur veut nous conduire  jusqu'à la fin qui donne la clé de l'histoire un peu tardivement à mon avis, quelques indices semés de ci de là m'auraient paru judicieux un peu façon Sixième sens. Là, le spectateur risque d'être déconcerté voire ne pas vraiment comprendre s'il ne connaît pas la biographie de Feydeau. J'ai d'ailleurs entendu à la sortie une spectatrice qualifier ce qu'elle venait de voir de Théâtre de l'absurde.

Nicole Bourbon

 

Georges et Georges

d'Éric-Emmanuel Schmitt
Mise en scène : Steve Suissa

Avec : Davy Sardou, Alexandre Brasseur, Christelle Reboul, Véronique Boulanger, Zoé Nonn, Thierry Lopez

Scénographie (Décors) : Stéfanie Jarre
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Costumes : Pascale Bordet
Musique : Maxime Richelme
Assistant mise en scène : Stéphanie Froeliger