FARBEN

Théâtre de la Tempête 
La Cartoucherie
Route du Champ-de-Manœuvre 
75012 Paris 
01.43.28.36.36

Jusqu’au 13 déc 2015
Du mardi au samedi à 20h30
Dimanche à 16h30

 

Farben loupePhoto Philippe Delacroix

Le Farben du titre renvoie tout autant au laboratoire… qu’au mot couleur (farben en allemand) Tout part de là ou y ramène. En clair, ce spectacle nous conte la destinée de Fritz Haber (1868-1934). Ce chimiste est connu pour des travaux sur l’ammoniac (avec ses répercussions sur la fabrication d’engrais). Prix Nobel de chimie en 1920, il a, également contribué à la mise au point du tristement fameux gaz Moutarde ainsi que de ce qui sera le Zyklon B.

Tout commence en 1915, quand les Allemands utilisent des gaz comme armes. Un couple est là, chacun commentant ce que fait l’autre. La femme se saisit d’un revolver et se donne la mort. Un long flash-back nous ramène en 1889, année de la rencontre entre Fritz et Clara qui deviendra sa femme. Toute la pièce est l’évocation (onirique, dit la présentaton) de ce qui amènera Clara au suicide. Ayant obtenu son diplôme de chimiste, la jeune femme comprend rapidement que son mari ne lui accordera pas la moindre place dans ses recherches. Elle s’occupera de la maison et de leur enfant. En parallèle à cette situation d’aliénation, nous voyons comment Fritz Haber doit lutter pour se faire une place dans cette Allemagne antisémite. Il est prêt à tout et même à en rajouter, passant sans états d’âme apparents des engrais à des recherches sur les armes chimiques.

Nous devons « Farben » à un jeune auteur suisse. Il y déploie une belle énergie et multiplie, de façon à la fois poétique et symbolique les éléments. La metteuse en scène en rajoute un peu, ce qui fait que souvent… la pièce parle plus à l’intellect qu’à l’émotion. Et c’est fort dommage. Entre les images sur l’écran, les dates qui défilent, le texte dit par les comédiens, c’est parfois beaucoup. Il y a, heureusement, des moments forts, comme cette description des effets pathologiques du gazage ou bien de simples images de guerre sur lesquelles parle un personnage.

Belle prestation d’Hélène Delavault en Tante Otilie et surtout en chanteuse. François Clavier campe un officier glaçant. Olivier Balazuc, qui joue Fritz est impeccable et apporte une touche d’humanité à ce que son personnage a de « construit ». Gardons pour la fin la fragilité, la fougue et le jeu tout en émotion d’Odja Llorca en Clara Haber.

Gérard Noël

 

Farben

De Mathieu Bertholet.
Mise en scène : Véronique Bellegarde.

Avec Olivier Ballazuc, François Clavier, Hélène Delavault, Laurent Joly, Odja Llorca, Sylvie Milhaud.

Scénographie : Véronique Bellegarde.
Lumières : Philippe Sazerat.
Image : Olivier Garouste.
Costumes : Laurianne Scimémi.
Machines scientifiques et théâtrales : Olivier Vallet.
Composition musicale : Médéric Collignon.
Création sonore : Tom Ménigault.
Accessoires : Philippe Binard.
Régie : Gilles David, Yann Nédélec.

 

Mis en ligne le 22 novembre 2015

Merci de cliquer sur J’aime