EURYDICE

Théâtre 14
20 avenue Marc Sangnier
75014 PARIS
01 45 45 49 77

Jusqu'au 22 février 2014
Du mardi au samedi, à 16h00 (samedi), 19h00 (mercredi et jeudi) ou 20h30 (mardi, vendredi et samedi).

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Mis en ligne le 9 janvier 2014
Eurydice

C'est la reprise de la pièce jouée en 2012 à l'Auguste Théâtre.

La vie, la mort, et au milieu l'amour élevé au rang de la légende et du mythe. Et pas n'importe quel mythe, mais celui d'Orphée et d'Eurydice, de leur passion absolue, fulgurante et tragiquement déchirante, qui a tant inspiré les poètes et les musiciens.

Le drame est ici transposé dans l'espace contemporain d'un buffet de gare et d'une chambre d'hôtel, il substitue aux enfers l'explosion d'un camion citerne et, surtout, il  remplace deux figures éthérées et idéales par deux êtres humains avec leurs mensonges, leurs faiblesses, leurs trahisons et leurs jalousies.

Cette version de Jean Anouilh, peu souvent représentée au théâtre, met en avant la complexité du personnage féminin et prive la musique, finalement secondaire, du pouvoir enchanteur de faire ressusciter les morts. Toute la tension repose sur la pureté de l'amour et sa capacité à voir l'autre tel qu'il est réellement et non tel qu'on voudrait qu'il fût.

Jean-Laurent Cochet et Sam Richez cosignent une mise en scène respectueuse de cette ambition. La distribution est coupée en deux d'un point de vue générationnel, entre des acteurs confirmés d'une part et ceux qui sortent du cours Cochet d'autre part.

Jean-Laurent Cochet lui-même, dans le rôle du père d'Orphée, est magistral, et c'est un vrai bonheur à lui tout seul que de le voir évoluer sur scène. Son expressivité est admirable et exemplaire. Le couple formé par Catherine Griffoni et Jean-Pierre Leroux, qui jouent respectivement la mère d'Eurydice et Vincent, fait également un numéro plaisant et drôle, tout en contraste avec le drame qui se noue entre les deux nouveaux amants.

On ne peut malheureusement pas en dire autant de tous les interprètes principaux. Norah Lehembre est certes une Eurydice d'une beauté délicate et émouvante quand elle dit sa culpabilité pour s'être donnée trop facilement et sans amour dans le passé. Mais on attend plus de raffinement dans le jeu de Sam Richez qui, avec sa voix terne, sa démarche empesée et sa chemise ouverte sur sa chaîne en or autour du cou, ne fait pas un Orphée crédible. Vincent Simon de son côté n'est pas plus à l'aise, il semble emprunté voire crispé, les mains dans le dos et le sourire figé, pour incarner l'inquiétant Monsieur Henri.

Le fragile théâtre d'Anouilh, plus subtil qu'il n'y paraît, exige à mon avis un peu plus de justesse et de sensibilité.

Frédéric Manzini

 

Eurydice

De Jean Anouilh
Mise en scène : Jean-Laurent Cochet et Sam Richez

Avec Jean-Laurent Cochet, Sam Richez, Vincent Simon, Maryse Flaquet, Fabrice Delorme, Norah Lehembre, Catherine Griffoni, Jean-Pierre Leroux, Julien Morin, Jean-Claude Eskenazi, Jacque Ibranosyan, François Pouron, Anthony Henrot, Pierre Ensergueix.