ESPIA A UNA MUJER QUE SE MATA

Théâtre de l'Epée de Bois
La Cartoucherie
Route du Champ de Manœuvre
75012 PARIS
01 48 08 39 74

Jusqu’au 23 novembre
les lundis mardis et mercredis à 20h30

 

Espia a una mujer que se mata loupe Crédit photos, © Tristan Jeanne-Valès

Étrange titre pour ce spectacle de Daniel Veronese, inspiré de « Oncle Vania ». Ce qu’a voulu l’auteur, c’est restituer Tchekhov «…en conservant le nerf de la pièce ». Autant dire que cette pièce dure une heure et demie, et que ça va vite. On perd sans doute en route ce qui fait le charme de l’auteur russe, une certaine retenue, le sentiment du temps qui passe, ces petits moments où il ne se passe rien, ou pas grand-chose, mais qui sont pourtant pleins du spleen des personnages et de cette espèce de fatalisme poisseux qui leur colle à la peau.

Travaillant dur dans une propriété pour « le professeur », Vania, l’oncle et sa nièce Sonia reçoivent la visite de celui-ci accompagné de sa femme Elena. Et, tout bien considéré, le professeur a pris une grave décision : vendre la propriété. Ajoutez qu’il y a  un médecin dont Sonia est folle amoureuse mais qui lui préfère Elena. Tout est dit. La machine est chargée, on n’attend plus que cela explose. Et c’est ce qui se passe, dans une frénésie qui rappelle parfois Tennessee Williams. Mais la force du texte de Tchekhov, excellemment servie par les comédiens, fait que l’intérêt se maintient et que l’on adhère totalement à ce traitement.

Dans un décor stylisé, fait de bric et de broc et au travers duquel on voit, ces personnages, tous plus ou moins frustrés, laissent enfin libre court à leurs passions : la vodka coule à flots et ce havre accueillant va devenir pour certains un enfer. Figure ambiguë, Vania a les traits de François Frapier, sa bonhomie et ses colères. Le professeur est joué par Philippe Mercier à la maigreur inquiétante, même quand il s’efforce de paraître gai pour effacer les dégâts causés par ce qu’il vient de dire. Véro Dahuron transcende son rôle d’Elena. Marion Lubat est une Sonia vibrante et sensible.

Un spectacle prenant, donc, qui nous poursuit, même une fois éteints les derniers applaudissements.

Gérard Noël

 

Espia a una mujer que se mata

De Daniel Veronese, d’après « Oncle Vania » de Tchekhov
Mise en scène, Guy Delamotte
Traduction, Françoise Thanas
Décor, Jean Haas
Costumes, Cidalia Da Costa
Lumières, Fabrice Fontal

Avec Martine Bertrand, Véro Dahuron, Marion Lubat, François Frapier, David Jeanna-Comello, Philippe Mercier, Timo Torikka

 

Mis en ligne le 19 novembre 2016