ENTRE-TEMPS, J'AI CONTINUÉ À VIVRE

Au Lucernaire
53 rue N.D des Champs
75006 PARIS
01 45 44 57 34

Jusqu'au 2 février 2014.
À 21h30 du mardi au samedi.
Dimanche à 17h.

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Mis en ligne le 14 décembre 2013

Jacques Hadjaje a choisi d'écrire une pièce et de la mettre en scène : ce n'est pas toujours un choix judicieux, mais ici l'apprêté ne se sent pas, il y a simplement un travail au service d'un texte, parfois beau, parfois neutre, sans éclat. Et si ce manque d'éclat, c'était tout simplement celui de la vie qui passe, de la vie toute simple, celle de gens, sœurs, anciens copains, couples…tous réunis à l'occasion d'une commémoration avec fanfare à la clé. L'occasion pour eux, de faire un bilan, de tirer des leçons (ou non) du passé, représenté principalement par la fermeture de la mine proche.

 Deux sœurs se retrouvent, une est devenue journaliste et l'autre tient toujours le petit café local. Stella et sa copine viennent chercher des boules de neige dans une vieille maison, tandis qu'un obscur figurant du parc d'attractions (celui qui a remplacé la mine) tombe sur une ex ‘. Un général mort (dont la statue a été déplacée) s'entretient une dernière fois avec sa fille. Parfois on hésite entre le social et la fait-divers, comme ce couple dont le mari (politisé à gauche) rentre fort imbibé et avoue avoir participé à un meurtre.

En tout, il y a neuf scènes, que l'auteur décrit comme autant de rounds : si un des personnages court et si un autre boxe ou a boxé, il ne s'agit pas tout à fait d'un combat. Plutôt de soubresauts, de velléités de sauvegarder l'essentiel, de régler, il en est bien temps, de vieux comptes. Sans tomber dans la psychologie facile, Hadjaje réussit, sans lourdeur, à nous faire passer ce qu'il souhaite. Certains personnages sont attachants, d'autres moins, aucun ne laisse indifférent. Les comédiens et comédiennes au nombre de cinq, se démultiplient pour faire exister ce petit monde, dans des séquences qui se succèdent, entrecoupées par les flonflons de la fameuses fanfare. Ils sont tout à la fois forts et touchants. À la Sisyphe, ils escaladent et redescendent ce drôle de plan incliné imaginé par le metteur en scène. On n'oubliera pas le malheureux marathonien et ses problèmes de genou ou bien les deux sœurs fâchées du début. Ni, d'ailleurs, le couple au jeu très physique, entre complicité tendre et affrontement, qui doit composer avec l'impensable.

Au final, un spectacle à recommander.

Gérard Noël

 

Entre-temps, j’ai continué à vivre

Écriture et mise en scène : Jacques Hadjaje.

Avec Isabelle Brochard, Anne Didon, Guillaume Lebon, Delphine Lequenne, Laurent Morteau.

Assistante à la mise en scène : Mathilde Cazeneuve.
Lumières : Laurent Pellé.
Scénographie, costumes : Anne Lezervant.
Son : Jean-Damien Ratel