Un homme en déséquilibre. Un déséquilibre astucieusement souligné par des trouvailles de mise en scène : un bel appartement haussmannien mais meublé chichement dans un décor qui ne correspond pas au statut social de son propriétaire, une vue extérieure – très belles vidéos bien utilisées – qui semble se rapprocher au fur et à mesure que l'homme avance dans sa découverte de lui-même pour finir par une image très symbolique.

Car qui est-il vraiment, cet homme qui se retrouve une fin d'après-midi, chez lui, tout nu dans son canapé déplié aux côtés d'un de ses collaborateurs lui aussi dans le plus simple appareil ?

Se connaît-il lui-même ?

Dans un univers à la limite de l'absurde, la machine Sébastien Thiery dans ce « Kramer contre Kramer », frappe encore une fois, un véritable rouleau compresseur au service du rire, qui écrase tout sur son passage, les vraisemblances comme la bienséance, le bon goût et le politiquement correct. Et c'est comme toujours d'une redoutable efficacité, avec des répliques qui font mouche pratiquement toutes saluées par des salves de rire voire des applaudissements et un irrésistible sens de la formule et des situations.

Alors quand de surcroît c'est remarquablement interprété par des comédiens aguerris irrésistibles, avec une mise en scène brillante, inventive, moderne, attentive à souligner le moindre propos, on en oublie les séquences dont ou aurait pu faire l'économie, les faiblesses d'un scénario qui amène de temps à autre à faire du remplissage et qui n'apportent pas grand-chose à l'action.

Le contrat est rempli, on rit énormément ce qui n'empêche pas d'être émus parfois et  de nous amener aussi à réfléchir, le sujet ici traité en boulevard pourrait tout aussi bien l'être en drame.

Ce sera sans nul doute un des succès de la rentrée.

Nicole Bourbon

 

Deux hommes tout nus

De Sébastien Thiéry
Mise en scène Ladislas Chollat 
Collaborateur artistique du metteur en scène Eric Supply

Avec François Berléand, Isabelle Gélinas, Sébastien Thiéry, Marie Parouty.

Décors Edouard Laug.
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz.
Lumières Alban Sauvé.
Vidéo Nathalie Cabrol.
Musique Frédéric Norel.