DÉNOMMÉ GOSPODIN

Théâtre de la Colline
15 rue Malte-Brun
75020 PARIS.
01 44 62 52 52  
Jusqu'au 15 juin 2013, du mercredi au samedi 21h.
Le mardi à 19h et le dimanche à 16h.

    Dénommé Gospodin

Pauvre Gospodin ! On se dit assez rapidement que son bon cœur le perdra. Il est successivement dépossédé (par des amis ou son ex-compagne) de son frigo, son four micro-ondes et sa télé. Et toujours l'envie de faire plaisir. Et puis on comprend que depuis que son lama ( ?) a été récupéré par Greenpeace, Gospodin a évolué : il stigmatise de plus en plus fort les petits-bourgeois qui l'entourent et entame un nouveau mode de vie hors de la société de consommation. Ce qui n'est pas une sinécure. Il ne veut pas travailler, pas non plus faire valoir ses droits au chômage c'est dire. Dans son appartement sans meuble, il dort à même le sol, sur de la paille. L'action tournerait court si Gospodin ne se retrouvait à la tête d'une grosse somme d'argent. Il ne souhaite pas y toucher, mais elle attire des convoitises. Sans dévoiler la fin, disons que l'auteur prend à contre-pied le dogme de Gospodin, en l'éclairant de façon nouvelle

« C'est un garçon sans importance collective, c'est tout juste un individu. » Ce propos de Sartre pourrait s'appliquer, et comment, à notre héros. La pièce de Philippe Löhle, jeune auteur allemand, renoue avec la contestation façon années 70, mais pas uniquement. On voit assez vite les liens étroits qu'elle entretient avec notre époque.

De cet apologue un brin anarchisant, on retiendra la force et l'efficacité du traitement. La mise en scène sert le propos sans outrance : ainsi elle joue sur les différents niveaux de l'espace, fait apparaître le plateau à nu au bon moment, provoquant des changements à vue. Elle ménage aussi de savoureux entretiens entre Gospodin et…les autres (ex', amie de l'ex', mère, copains ou directeur de la grande surface locale). Le personnage principal est placé en hauteur, dans un cadre fermé qui peut évoquer un plateau télé ou bien une cage. Il grogne, bouge, soliloque et, durant une bonne partie de la pièce, ses actions sont décrites et commentées par deux présentateurs, homme et femme. Il y a quelques projections, pas forcément indispensables, sur le fond de scène.

Tous les interprètes sont excellents, à commencer par Emmanuel Vérité. Désabusé, l'air d'un vieil ado rebelle, Christophe Brault vit véritablement son rôle. Gardons pour la fin Chloé Réjon, qui se charge avec élégance de tous les rôles féminins. Une vraie nature de comédienne.

Gérard Noël

 

 

Dénommé Gospodin

Mise en scène : Benoit Lambert.

Avec Christophe Brault, Chloé Réjon, Emmanuel Vérité.

Traduction de l'allemand : Ruth Orthman.
Scénographie et lumières : Antoine Franchet.
Costumes : Marie La Rocca