DALI

Théâtre des Mathurins.
36, rue des Mathurins
75008 Paris
01 42 65 90 00

Jusqu’au 19 août 2018
Du mardi au samedi à 19h
matinée le dimanche à 15h.

 

Dali loupe 

Sur scène, un immense encadrement de tableau, support d’un écran qui servira à diffuser des vidéos tout au long du spectacle, un fauteuil voltaire et un bureau derrière lequel prendra place un journaliste lors d’une conférence que Dali donna en 1956 à la Sorbonne après une arrivée particulièrement remarquée dans une Rolls blanche chargée de mille choux-fleurs. Une voix off, celle du peintre, parfaitement reconnaissable de par ses rodomontades, qui de sa jeunesse nous rappelle qu’à six ans il voulait devenir cuisinière qu’à sept il voulait être Napoléon et que depuis son ambition n’avait jamais cessé de grandir au point devenir un génie incomparable, très au-dessus du commun des mortels.

Le divin Salvator Dali apparaît, plus vrai que nature, armé de son indispensable canne et magnifiquement interprété par Philippe Kieffer qui nous propose un personnage provocant, sensible, capable de manier avec une joyeuse mauvaise foi convenue l’autodérision autant que le paradoxe sans jamais tomber dans la caricature outrancière.

Installé dans son fauteuil, tel un monarque surréaliste et portant avant tout Raphaël au pinacle, il nous raconte avec fantaisie, ses influences, ses goûts, ses amitiés, celle qu’il a eue avec Picasso, pour qui il s’amusait à dire, Picasso est espagnol, moi aussi, Picasso est un génie, moi aussi, Picasso est communiste, moi non plus. Il voua aussi toute sa vie une admiration sans borne à Vélasquez dont il adopta la moustache en croc qui devint emblématique, à Vermeer dont il chercha longuement à imiter la technique sans jamais vraiment y parvenir.

Plus personnels et quelques années plus tard, le journaliste aborde sa relation avec Gala, sa muse, son amour, celle qui lui tenait lieu de famille, qui organisait ses expositions et vendait ses toiles, avec Frédérico Gracia Lorca qu’il dit avoir trahi, sur la construction de sa popularité à l’échelle mondiale précédant ainsi celle d’Andy Warhol, sur son obsession de la corne de rhinocéros qu’il lie à la chasteté et à la vierge Marie, sur son frère qui mourut neuf mois avant sa naissance et qui portait le même prénom.

Il faut bien entendu avoir quelques goûts et intérêts pour la vie et l’œuvre de ce fantasque peintre pour apprécier pleinement le spectacle et fermer les yeux sur les vidéos de corridas qui en ce qui me concerne me dérangent, mais l’ensemble est si bien mis en scène et si bien interprété que l’on se laisse facilement avaler par l’univers délirant et riche de cet artiste hors norme qui affirmait avec une certaine désinvolture «  le surréalisme, c’est moi ! »

Patrick Rouet

 

Dali

Texte et mise en scène : Christophe Gauzeran.

Avec Philippe Kieffer et Christophe Gauzeran.

Conception vidéo et sonore : Christophe Tostain.
Lumières : Pierre-Emile Soulié.

 

Mis en ligne le 14 juin 2018