CYRANO DE BERGERAC

Théâtre de l’Odéon
Odéon – Théâtre de l'Europe
Place de l'Odéon
75006 – Paris
01 44 85 40 40

Jusqu'au 28 juin
du mercredi au samedi à 20h00 – dimanche à 15h00

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Mis en ligne le 9 mai 2014

Cyrano
crédit photo Brigitte Enguérand

« Cyrano me fait penser à mon cher Alceste. Voilà un homme qui ne transige pas et qui dit toujours ce qu’il pense, quoi qu’il lui en coûte – carrière, succès, ou tout simplement sécurité. »

Il n'est bien sûr plus nécessaire de présenter ce texte d’Edmond Rostand car s'il est un personnage présent dans la mémoire collective du théâtre maniant aussi bien l'épée que la plume c'est bien Cyrano... Après sa création à Rennes en 2013 et une tournée dans toute la France, voici donc à Paris l'Homme au nez aussi long que son panache.

Dominique Pitoiset propose cette situation de base : enfermé dans un asile et blessé à la tête, son Cyrano ne serait que le conteur d'histoires inventées pour le plus grand bien et plaisir des autres patients. Soit ! Relevons la gageure …

La scénographie annonce donc vite la couleur : sol carrelé blanc et mobilier fonctionnel hospitalier.  C'est dans cet univers que débute le spectacle où Cyrano déjà en scène, assis dos au public, semble attendre qu'on le réveille. C'est ce que fera le mauvais comédien Montfleury qui catalyse en quelque sorte les ressentiments du héros de Rostand envers l'humanité. Ressentiments  parfaitement exprimés dans la tirade des « non, merci ! » véritable ode à l'indépendance.

Philippe Torreton, en marcel blanc et crâne rasé, est prodigieux. Tour à tour orateur implacable, amant secret éperdu, bagarreur des rues, ce corps trapu surplombé par le fameux nez passe par toutes les attitudes. Sa voix puissante et précise nous permet d'entendre tout le texte et ce n'est pas une mince affaire. Maud Wyler alias Roxanne n'est pas en reste : elle nous propose un personnage féminin certes mais avec une détermination et une force inhabituelles pour ce rôle. Les autres protagonistes sont tous à la hauteur de cette histoire de fous même s'il m'a semblé que certains jeux mimés étaient de trop, comme ces textes complaisants qui fleurissent de bons mots.

Lumières parfois blafardes à souhait, musiques de Cat Stevens, Queen, Bashung ou Elton John justement utilisées, patients habillés à la mode « Vol au dessus d'un nid de coucou » c'est à dire jogging, pyjama, survêtement et autres baskets, la scénographie quoi que déroutante est cohérente et surtout bouleversante comme ce texte de Bashung : « Voyez-vous ces êtres vivants ? » Avec même une utilisation de la vidéo façon Skype pour la scène du balcon !

Au bout des 2h40 passées en un instant, Cyrano finit habillé en costume d'époque. Celui « qui fut tout et qui ne fut rien » peut prendre place, la réalité a rejoint le mythe. Philippe Torrenton est un très grand acteur qui aime le théâtre et ça se voit.

À la fin du spectacle, le comédien Daniel Martin entouré de tous les autres mais aussi de techniciens, a lu un message incitant le public à signer une pétition contre la réforme du statut des intermittents. Comme Cyrano, poing levé ! Bravo aussi pour ça...

Jean-Michel Beugnet

 

Cyrano de Bergerac

d'Edmond Rostand
Mise en scène : Dominique Pitoiset

Avec : avec Jean-Michel Balthazar, Adrien Cauchetier, Antoine Cholet, Nicolas Chupin, Patrice Costa, Gilles Fisseau, Jean-François Lapalus, Daniel Martin, Bruno Ouzeau, Philippe Torreton, Martine Vandeville, Maud Wyler

Dramaturgie : Daniel Loayza

Scénographie et costumes : Kattrin Michel

Création lumières : Christophe Pitoiset

Torreton, Martine Vandeville, Maud Wyler