ON LA PEND CETTE CRÉMAILLÈRE

 

 

La Comédie Saint Michel

95, Boulevard Saint-Michel,

75005   Paris

01.55.42.92.97

 

Du rire aux larmes, la vie quoi !

 

On lit le pitch et on se dit : bon, encore un boulevard moderne avec ses clichés habituels, ses amants, ses maîtresses, machin qui aime Truc qui aime Chose etc.

Mais comme on a l'esprit curieux on se dit : allons voir.

Et on est étonné. On retrouve bien entendu les amants et les maîtresses mais là  l'histoire est narrée avec originalité : tout se passe dans la chambre d'amis donnant de ce fait un aperçu distancié de la soirée.

Comme dans tout vaudeville, l'agitation est extrême, cependant  ce ne sont pas les portes qui claquent mais les gifles, voire les coups de poing !

Bonne idée que de jouer à fond la carte de la simplicité quand on n'a pas une grosse production ; au lieu du décor classique habituel du genre, plus ou moins réussi selon les moyens dont on dispose,  cloisons et meubles sont faits de cartons empilés ! C'est inattendu et amusant.

Les personnages sont assez classiques : on découvre un couple (celui qui fête sa crémaillère) qui va retrouver ses ex (un drogué attachant, une nymphomane), un frère et une sœur (lui un gay gaffeur et exubérant, elle une solitaire alcoolo dépressive,) une colporteuse de ragots pétillante et un peu nunuche, compagne d'un névrosé coincé.  

Et là on a une  vraie bonne surprise. Les huit  comédiens sont jeunes, attachants, généreux,  se donnent à fond tout en étant toujours parfaitement justes, font monter la tension au gré de situations cocasses, hilarantes, dramatiques ou  emplies d'émotions. De quiproquos en mensonges délibérés, de tromperies en baisers furtifs, de cachoteries en révélations, d'infidélités en ambigüités sexuelles, tout ce petit monde va se déchirer jusqu'à l'éclatement final. Tous sont parfaits et accomplissent une belle prestation. Mélodie Maréchal est Catherine, la maîtresse de maison qui va vivre sa descente aux enfers ; elle dégage une vraie émotion en femme blessée qui découvre le visage inattendu de son « presque mari ». Stéphane Auer est François, le copain gay, d'une drôlerie irrésistible sans tomber dans la caricature, Laurie Jesson déclenche les rires avec son personnage de commère. Et tous les autres, Ari Sellem, l'hôte, Jérôme,  complètement dépassé par la situation, Marjorie Ciccone,  Natacha qui noie dans l'alcool ses abandons successifs, Yann Desti parfait client de psys, Jean Boissinot  qui soigne son mal être par la drogue, Amandine Clep la blonde un peu garce, sans états d'âme.

On rit grâce à leur talent car finalement les âmes qui nous sont données à voir ne sont pas très belles mais les dialogues font mouche et les situations s'enchaînent avec rythme sans temps mort.

Bref on passe un bon moment et cette jeune « Compagnie Des rêves aux planches  » paraît promise à un bel avenir.

 

Nicole Bourbon

 

Auteur et metteur en scène : Jonathan Dos Santos

Avec :

Catherine: Mélodie Maréchal

Jérome: Ari Sellem

François: Stéphane Auer

Natacha: Marjorie Ciccone

Dominique: Laurie Jesson

Frédéric: Yann Desti

Marc: Jean Boissinot

Cécile: Amandine Klep