C’EST LA VIE

Théâtre du Rond Point
2 bis Avenue Franklin Delano Roosevelt
75008 Paris
Tél : 01 44 95 98 21

Jusqu’au 13 décembre 2015
Du mardi au dimanche à 18h30

 

C’est la vie loupe Photo Isabelle Fournier

« C’est la vie » est signé de l’auteur dramatique autrichien Peter Turrini. Elle aurait pu tout aussi bien s’intituler « C’est ma vie » puisqu’il s’y raconte entre 1944 (son année de naissance) et maintenant. Dispositif simple, deux musiciens sur le côté, une toile peinte sur laquelle il y aura des projections (encore) et un micro pour le comédien-narrateur. Là, il s’agit de Jean-Quentin Châtelain : il a mûri et arbore des cheveux longs et une superbe barbe blanche pour mieux se glisser dans la peau de Turrini.  Si le phrasé de l’artiste est net, le ton est décalé. Il y aurait, déjà, débat sur l’heure exacte de naissance de l’auteur. « La vie est belle quand elle est terminée » glisse-t-il entre deux chansons absurdes. Et puis voici l’histoire du père, celle de la mère… on se croirait chez Thomas Bernhardt : il y a la même vision noire et pessimiste, la détestation du pays et un rapport à soi qui oscille entre ambition et désespoir.

Peter ne nous épargne rien, ni ses problèmes avec ses copains quand était enfant, ni ses dragues pataudes, pas plus que ses premiers émois avec une très grosse voisine. L’enfant grandit, un compositeur (qui vient de commander un cercueil à son père) apprécie ses poèmes, un peu d’Italie le charme, via son grand-père. Quand il a touché une fille, il craint la colère de Dieu. Et puis c’est la caserne : « Nous tirons vers les Russes, naturellement sans cartouche puisque c’est l’armée autrichienne ! »

Le texte de Turrini vide les abcès. Il est incantatoire et acide. Toujours soutenu brillamment (et parfois un peu bruyamment) par la musique, Jean-Quentin Châtelain se déchaîne : il se fait tour à tour venimeux, tonitruant ou décontenancé, il raconte, il slame, il swingue,  il nous fait sentir les moindres nuances de cette biographie à l’arraché que l’auteur écrivit spécialement pour le metteur en scène Claude Brozzini qui avait déjà monté plusieurs de ses pièces. À la fin, par la bouche du comédien, Turrini avoue : « Je me cache du monde et j’en invente un autre… terrible »

Que dire de plus ? Si vous êtes prêt à vous lancer dans le voyage d’une vie, une vie pour le moins originale et fantasque, pleine de « bruit et de fureur » mais au final apaisée, venez applaudir Jean-Quentin Châtelain et ses deux musiciens. Le spectacle vaut le détour.

Gérard Noël

 

C’est la vie

De Peter Turrini.
Mise en scène : Claude Brozzoni.

Avec Jean-Quentin Châtelain.

Composition et interprétation musicale : Grégory Dargent, Claude Gomez.
Assistanat à la mise en scène : Domnique Vallon.
Scénographie : Élodie Monet
Lumières : Nicolas Faucheux
Son : Titou Victor
Costumes : Pascale Robin
Montage vidéo : Gwénaëlle Rabin

 

Mis en ligne le 23 novembre 2015

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