CAPRICES

L'Atalante
10 place Charles Dullin
75018 Paris
01 46 06 11 90

Jusqu'au 24 juin
Lundi, mardi, mercredi, vendredi à 20h30, jeudi et samedi à 19h

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Mis en ligne le 4 juin 2014

Caprices
Crédit photo :  Patrice Forsans, Atelier Contrast

Une surprenante soirée dans les profondeurs du théâtre de l'Atalante, un des lieux accueillant le « Festival des Caves » qui met à l'honneur ces endroits plutôt inhospitaliers en les transformant en scènes de théâtre. Nous voilà alors transportés dans les profondeurs de la création artistique de l'un des plus grands peintres espagnols, Francisco de Goya (1746-1828).

Seul en scène, à moitié nu, Maxime Kerzanet se met dans la peau de l'homme au chapeau et aux oreilles « cadenassées » par la surdité. Nous assistons à une sorte de « work in progress » de la série de gravures satiriques intitulée Les Caprices. L'artiste y dénonce les travers de la société espagnole de son temps : clergé corrompu, mères cruelles, femmes infidèles, hommes obscènes, qui prennent l'apparence d'animaux effrayants ou grotesques. Son corps qui se traîne dévoile un esprit en ébullition. Agité, il rit parfois de façon diabolique tant les découvertes qu'il fait sur les hommes sont violentes.

« El sueño de la razón produce monstruos » – le sommeil de la raison produit des monstres –, titre d'une des gravures, résume parfaitement le spectacle. Goya se sent tiraillé entre le haut et le bas, la surface et les profondeurs, l'ornement et la satire, le divertissement et la cruauté, les peintures commandées par la famille royale et ses œuvres plus libres et engagées.

Quand on sait que Goya réalise cette œuvre à l'aube de la soixantaine, la jeunesse de l'acteur peut surprendre. Pourtant, il réussit à nous convaincre tant le texte est fort, critique et puissant. Saluons à ce propos le travail d'écriture de José Devron qui relève d'une véritable prouesse. La mise en scène épurée offre un véritable protagonisme aux mots.

Que l'artiste évoque les maux de son temps confère une portée universelle au propos : impossible de ne pas penser à la situation espagnole actuelle ! C'est là une dimension qui peut ne pas être entièrement comprise par un public peu connaisseur de l'artiste et de son œuvre. Mais c'est une qualité de ce spectacle que de donner envie d'aller voir de plus près ces gravures et d'en découvrir l'exacte portée. Et lorsque le personnage, sur scène, les décrit, le public averti, quant à lui, prend plaisir à s'en souvenir et à en peser la force et la vigueur critique.

Ivanne Galant

 

Caprices

d'après les gravures de Francisco de Goya

Texte : José Drevon
Mise en scène : Guillaume Dujardin
Assistante à la mise en scène : Elodie Guibert
Avec : Maxime Kerzanet
Scénographie : Marion Golmard
Constructeur du décor : Patrick Poyard
Costumes : Sigolène Petey
Lumières : Christophe Forey
Assistante lumières : Marlis Senoner