BLONDIE ET BRUNETTE

Théâtre Le Proscenium 
2, passage du bureau (angle du 170 rue de Charonne)
75011 Paris
01 40 09 06 77

Le dimanche à 17h15 du 10 janvier au 27 mars
Le vendredi à 21h30 du 15 au 26 avril.
Relâche les 28 février et 6 mars

 

Blondie et Brunette loupe 

Ce soir, direction Le Proscenium, salle chaleureuse aux sièges très confortables, fait suffisamment rare dans les petites structures pour qu’on le souligne, afin d’assister à la nouvelle mise en scène de Leah Marciano, jeune personne volontaire et au talent certain dont je suis la carrière avec intérêt.

Blondie et Brunette qu’elle a coécrit avec Émilie Belina Richard, son amie, nous raconte d’ailleurs une histoire d’amitié, celle indéfectible qui unira pendant soixante ans deux femmes pourtant foncièrement différentes.

C’est l’occasion à travers leur histoire personnelle s’étalant de 1936 à 1996, de faire revivre à petites touches bien dessinées quelques décennies d’Histoire, avec des faits marquants comme la deuxième guerre mondiale ou l’Indochine mais aussi l’évolution du statut de la femme au fil du temps.

Projet ambitieux parfaitement réalisé grâce à une écriture précise, simple et fluide, à une construction originale respectée par une mise en scène très maîtrisée et une excellente interprétation.

Après une première scène peu convaincante où on se demande avec perplexité ce qui nous attend, l’histoire décolle très vite et on est alors véritablement happé dans un tourbillon de situations et de sentiments.

Leah Marciano vient du cinéma et c’est une écriture très cinématographique qu’elle imprime à sa mise en scène avec des allers-retours entre les époques et des scènes qui se succèdent sans temps mort et surtout sans recourir à ces « noirs » intempestifs si utilisés de nos jours. Là elle n’en utilise que deux mais parfaitement justifiés et qui font sens.

Et on imagine sans peine l’agitation qui doit régner dans les coulisses pour assurer à des allures record les changements d’accessoires, de costumes et de coiffures permettant de situer les différents lieux et époques. Même si certains, comme la pose de dalles au sol, sont carrément superflus imposant aux comédiens des manipulations inutiles. Désir de bien faire certainement, d’aller au bout des choses, d’être précis dans le moindre détail, mais le mieux est souvent comme chacun sait l’ennemi du bien.

On rit, on sourit, on est aussi véritablement ému, tant les comédiens donnent vie à leurs personnages avec une grande vérité, à commencer par Faustine Pont qui, avec des airs d’Elsa Zylberstein et dans le physique et dans le jeu, donne tout le piquant, la force et la fragilité qui conviennent au personnage de Lili, volontaire, énergique, féministe et éprise de liberté.

Face à elle, la blonde Émilie Lecouvey parvient à être une Lexie toute en grâce, douceur, conformisme et retenue mais sans aucune fadeur ni caricature et Anne-Laure Maudet emporte l’adhésion dans le rôle pas facile d’une petite fille.

Les garçons ne sont pas en reste, tous trois très crédibles, Thibaut Marchand en grand frère protecteur, Arnaud Laurent et Julien Husser interprétant quant à eux plusieurs rôles avec la même vraisemblance.

Ajoutez quelques moments musicaux particulièrement réussis et on comprend sans peine que le spectacle soit éligible aux P’tits Molières et qu’il joue les prolongations jusqu’en décembre. Au prix d’une place de cinéma qui plus est !

Nicole Bourbon

 

Blondie et Brunette

D’Émilie Belina Richard et Leah Marciano

Mise en scène Leah Marciano assistée d’Émilie Belina Richard

Avec Faustine Pont, Émilie Lecouvey, Anne-Laure Maudet, Thibaut Marchand, Arnaud Laurent, Julien Husser.

 

Mis en ligne le 8 novembre 2015

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