ANGELS IN AMERICA

Théâtre de l'aquarium
La Cartoucherie
Route du champ de manœuvre
75012 Paris
Tél : 01 43 74 72 74

Jusqu’au 10 décembre 2017

Spectacle en 2 parties (à voir en intégrale - 4 h 20 + entracte - ou séparément)
Partie 1 : les jeudis 16 & 23 novembre à 20h
Partie 2 : les jeudis 30 novembre & 7 décembre à 20h00
Intégrales : mercredi 15 nov. à 19h00 / les vendredis à 19h30 / les samedis & dimanches à 16h00

 

Angels In America loupe 

De la pièce-fleuve de Tony Kushner, d’une durée de sept heures, Angels in America, Aurélie Van Den Daele propose à l’Aquarium, avec l’approbation de l’auteur, une version écourtée de quatre heures vingt, à voir en une ou deux fois.

Nous sommes à New York en 1985, sous la présidence de Ronald Reagan, à une époque où le sida commence à faire des ravages parmi les homosexuels.

C’est dans ce contexte qu’évoluent et se croisent les personnages de cette pièce épique, qui voient leurs destins bouleversés par la maladie, la religion, le conservatisme.

Ainsi, Louis, juif libéral détaché du judaïsme, aime Prior sans aucune culpabilité mais, incapable de supporter la maladie de son amant, finira par le quitter.

De son côté Joe, un Mormon marié à Harper, lutte contre une orientation qui va à l’encontre de ses convictions religieuses et de son éducation mais il finira par révéler la vérité à sa mère et mettre fin à sa vie de couple.

Et puis il y a Roy Cohn, célèbre avocat véreux doté de relations haut placées. Raciste, réactionnaire et anti-communiste virulent, il affiche une telle homophobie que, lorsqu’il se retrouve atteint du sida, il refuse la réalité et, affirmant qu’il souffre d’un cancer du foie, exige d’être traité – à l’AZT – dans un service d’oncologie. Il refuse également d’être soigné par un infirmier noir, Belize (ancien drag queen et ami de Prior) mais se voit contraint de faire contre mauvaise fortune bon cœur.

Notons que le personnage de Roy Cohn a vraiment existé. Proche du sénateur Joseph McCarthy, il est responsable de la condamnation de Julius et d’Ethel Rosenberg à la chaise électrique.

Le fantôme de cette dernière vient d’ailleurs le hanter dans sa chambre d’hôpital.

Prior, quant à lui, est visité par un ange tandis qu’Harper, en proie à des hallucinations dues à un abus de valium, s’évade dans l’Antarctique en compagnie de M. Lies, un agent de voyages imaginaire.

Faire coexister et parfois se juxtaposer sur un même plateau les destins de ces individus, faire se télescoper le monde réel et le monde imaginaire, constituent un défi que la metteuse en scène Aurélie Van Den Daele a admirablement relevé, grâce à une judicieuse occupation de la scène, un dispositif scénique particulièrement performant associant jeux de lumière, musique et vidéo, et un casting de qualité.

Les huit comédiens et comédiennes sont extraordinaires, certaines, telles Julie Le Lagadec et Marie Quiquempois, incarnant plusieurs personnages.

Pascal Neyron (Joe), Émilie Cazenave (Harper), Gregory Fernandes (Louis) et Alexandre Le Nours (Prior) collent parfaitement à leurs personnages.

Sidney Ali Mehelleb (Belize, M. Lies), est un acteur avec une présence réelle, qui traverse la pièce de son pas dansant et aérien.

Quant à Antoine Caubet (Roy Cohn), il crève l’écran, si l’on peut dire, de sa présence imposante et magistrale.

Assister à près de quatre heures trente de représentation (pour l’intégrale) peut en rebuter certains. Pourtant, on ne voit pas le temps passer.

La durée n’est en effet pas un problème lorsque la pièce est intéressante alors qu’une pièce d’une heure semble interminable si elle est ennuyeuse.

« People want food tha’s hard to chew but nutritious », a déclaré Tony Kushner au cours d’un interview.

Si l’on en juge par les applaudissements et la standing ovation qui ont accueilli la pièce, il n’avait pas tort.

Oui, les spectateurs ne rechignent pas devant des aliments durs à mâcher à condition qu’ils soient nourrissants…

Élishéva Zonabend

 

Angels In America

De Tony Kushner
Traduction : Gérard Wajcman et Jacqueline Lichtenstein (version écourtée avec l’approbation de Tony Kushner)
Mise en scène : Aurélie Van Den Daele

Avec : Antoine Caubet, Émilie Cazenave, Grégory Fernandes, Julie Le Lagadec, Alexandre Le Nours, Sidney Ali Mehelleb, Pascal Neyron, Marie Quiquempois

Dramaturgie : Ophélie Cuvinot-Germain
Assistanat à la mise en scène : Mara Bijeljac
Lumière, vidéo, son et scénographie : Collectif INVIVO (Julien Dubuc, Grégoire Durrande, Chloé Dumas)
Costumes : Laetitia Letourneau

 

Mis en ligne le 7 décembre 2017