ACTING

Bouffes Parisiens
4 rue Monsigny
75002 Paris
Tél : 01 42 96 92 42

Jusqu'au 28 janvier 2017
Mardi, Mercredi, Jeudi, Vendredi, Samedi à 21h00
Dimanche à 15h00

 

Acting loupe Photo © Les Bouffes Parisiens

Dans le noir, des bruits que le cinéma nous a habitués à identifier, portes qu’on ferme, coups métalliques qui résonnent, brouhaha : nous sommes dans une prison.

Le rideau s’ouvre effectivement sur une cellule avec trois lits superposés et un coin sanitaire/cuisine sommaire.

Deux hommes dans les lits supérieurs : l’un qui ne parle pas, l’autre qui parle beaucoup, dissertant sur qui pourrait être celui qui va occuper la couchette du bas. Ce dernier arrive et on voit immédiatement qu’il est différent.

Ce sont ces trois personnages qui vont se côtoyer pendant presque deux heures. Le dernier arrivé est un homme de spectacle, et, comme le laissait supposer le titre de la pièce, tout va vite tourner autour du métier d’acteur.

Un métier que va littéralement décortiquer le nouveau venu, et nous allons assister à une sorte de master class donnée par un Niels Arestrup au mieux de sa forme : véritable fauve enfermé entre ces quatre murs, œil de glace sous sa crinière blanche, il offre toute sa puissance et physique et de jeu à son personnage. Occasion pour Xavier Durringer, l’auteur et metteur en scène, de régler visiblement quelques comptes avec le métier, la sous culture imposée à un public conditionné, les producteurs qui ne connaissent rien au théâtre, la télévision…

Le prisonnier-élève qui rêve de devenir comédien, c’est Kad Merad. Dans toute la première partie, il fait, et c’est fort dommage, du Kad Merad tel qu’on le connaît, personnage comique, beauf au possible et qui enchaîne une suite de sketches avec force grimaces, gesticulations et répliques parfois graveleuses. Le public qui en partie est venu visiblement pour ça, rit énormément, mission accomplie donc.

Mais sur un tel sujet et dans un tel cadre, j’avoue que j’attendais mieux que ça, et je commençais à m’ennuyer ferme lorsqu’enfin la comédie commença à prendre des aspects plus intéressants, Kad Merad se métamorphosant peu à peu, quittant son habit d’Auguste pour prendre enfin une vraie dimension : dépouillé de tout artifice, son personnage, sous la conduite rigoureuse de son compagnon de cellule qui ne lui passe rien, devient véritablement comédien et Kad Merad lui aussi passe de bouffon à acteur shakespearien, démontrant que décidément il peut tout jouer, magnifique rôle qui lui est ici offert.

Le troisième prisonnier est lui enfermé dans le mutisme le plus complet. Belle performance de Patrick Bosso qui parvient sans décrocher un mot à lui donner une présence étonnante, toujours présent, indispensable même, à l’instar de tous ceux, accessoiristes, costumiers, machinistes qui œuvrent dans l’ombre et sans qui le théâtre ne serait pas ce qu’il est.

Ce curieux mélange de drame et de comédie atteint son acmé dans une fin qui vous « cueille » littéralement, portée par un Niels Arestrup magnifique tandis que monte en puissance les notes de Norma comme une prière rédemptrice.

Nicole Bourbon

 

Acting

Écrit et mis en scène par Xavier Durringer

Avec Niels Arestrup, Kad Merad, Patrick Bosso, Edouard Montoute

Décors Eric Durringer
Lumières Orazio Trotta
Costumes Nathalie Benoin

 

Mis en ligne le 16 octobre 2016